Un trafiquant de cocaïne lié à la mafia montréalaise, qui a reçu la plus importante peine en matière de narcotrafic jamais prononcée au Québec, veut être transféré d'un pénitencier à sécurité moyenne vers un minimum, pour mieux préparer sa libération.

Vincenzo Armeni, 61 ans, a été condamné à 19 ans de pénitencier en 2007 pour avoir trafiqué plus de 250 kg de cocaïne. Puisqu'il a commis ce crime alors qu'il était déjà sous le coup d'une sentence de dix ans pour une autre affaire de trafic de cocaïne datant de 1998, un juge l'a condamné à purger les deux sentences de façon consécutive - 29 ans au total - sans qu'il puisse demander sa libération conditionnelle avant dix ans.

Dans une requête en habeas corpus présentée à la Cour supérieure le 30 mai dernier, Armeni fait valoir qu'il était dans un minimum lorsqu'il a purgé sa première peine, mais qu'il a été transféré à Archambault (médium) de Sainte-Anne-des-Plaines quand est venu le temps de purger sa seconde sentence. En février dernier, Armeni a demandé de retourner dans un minimum, pour profiter des programmes de réhabilitation, et préparer sa prochaine audience devant la Commission des libérations conditionnelles et son retour éventuel en communauté.

Mais son équipe de gestion de cas n'a pas recommandé son transfert, en raison de son attitude et de ses associations «qui nécessitent toujours un grand degré d'intervention», peut-on lire dans sa requête. 

La direction du pénitencier a donc refusé sa demande le 12 mars.

Arbitraire et déraisonnable



Dans sa requête, Armeni fait valoir que la décision de ne pas permettre son transfert est arbitraire, déraisonnable et va à l'encontre de la Charte des droits et libertés. 

Il écrit qu'il a un bon comportement à l'intérieur des murs, qu'il respecte les règlements, qu'il est calme, qu'il n'a aucun conflit avec les gardiens ou les autres détenus depuis le début de sa sentence, et qu'il n'est pas un sujet d'intérêt pour les autorités. 

«Le demandeur a toujours travaillé. Il ne représente pas une menace pour la sécurité du public. Il a fait de l'introspection sur sa criminalité depuis son incarcération, les causes de cette criminalité, son rôle au sein du crime organisé, les impacts pour la société, sa famille et lui-même», peut-on lire dans la requête.

«Même si le demandeur est soupçonné être impliqué dans le crime organisé, les défendeurs (l'Établissement Archambault et le Procureur général du Canada) n'ont aucune nouvelle information concernant ses liens et ses affiliations. Ils basent constamment leurs affirmations sur d'anciennes informations non vérifiables et aucun exemple concret n'est donné», ajoute l'avocate d'Armeni, Me Annik Magri.

 

Selon des informations policières datant de plusieurs années, la famille Armeni, d'origine calabraise, était proche du clan Cotroni qui a dirigé les rênes de la mafia montréalaise avant l'arrivée au pouvoir des Siciliens au tournant des années 80. 

Vincenzo Armeni a passé une grande partie de sa vie derrière les barreaux. Son arrestation en 2006 pour l'affaire de 250 kg de cocaïne était sa cinquième arrestation pour trafic de drogue. Avant de recevoir sa sentence de 19 ans en 2007, il cumulait déjà des peines de 27 ans de pénitencier au total.

Armeni a aussi fait les manchettes ces dernières années car le fisc lui a réclamé un million pour ne pas avoir payé d'impôt sur la vente de la cocaïne et parce qu'une escouade du SPVM louait des locaux appartenant à sa famille.

Le débat sur sa requête aura lieu le mois prochain en Cour supérieure.

 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.