Même s'il a «profité de [son] poste de maire de Laval pour commettre des fraudes et ainsi abuser de la confiance de [ses] concitoyens», Gilles Vaillancourt se retrouve maintenant en semi-liberté à la suite de la décision prise vendredi par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).

M. Vaillancourt n'aura purgé qu'un sixième de la peine de 6 ans de pénitencier qui lui a été imposée en décembre 2016. Les crimes qu'il a commis se sont déroulés entre 1996 et 2010, c'est-à-dire avant que ne soient abrogées certaines dispositions de la Loi sur l'abolition de libération anticipée des criminels. C'est ce qui explique que le dossier de Gilles Vaillancourt a été étudié sous la procédure d'examen expéditif. 

Du coup, la décision de la CLCC est basée sur la probabilité de récidive avec violence. L'historique social, la criminalité et le comportement de M. Vaillancourt en prison ont été pris en compte.  S'ajoutent les représentations écrites de l'avocat de l'ex-maire déchu datant de septembre dernier et des réflexions de M. Vaillancourt. 

Ce dernier a expliqué avoir été «aveuglé par le pouvoir, par un grand besoin de reconnaissance, par [sa] réussite et les succès» obtenus. Il a mentionné à la CLCC vouloir être pardonné et redevenir un actif pour la société. 

Selon les intervenants travaillant auprès de M. Vaillancourt, ce dernier semble banaliser et minimiser ses gestes dont il parle difficilement. «Vous avez tendance à vous montrer sous un jour favorable en exposant vos réussites et vos réalisations en tant que maire, ou en parlant de cas pires que le vôtre. [...] Vos distorsions cognitives sont très incrustées dans votre mode de pensée», peut-on lire dans la décision. 

La CLCC souligne également que Gilles Vaillancourt a admis avoir eu recours à des manoeuvres frauduleuses dans ses fonctions professionnelles antérieures à celles de maire. 

On note également que la Ville de Laval avait réclamé 12,8 millions à M. Vaillancourt  mais que la municipalité a finalement consenti une quittance finale de 8,6 millions. 

Des conditions ont été imposées à M. Vaillancourt pour sa semi-liberté dite «pré-libératoire».  Parmi celles-ci, M. Vaillancourt devra faire du bénévolat pendant six mois auprès d'un organisme désigné par le Service correctionnel ; le nombre d'heures par semaine sera établi par son agent de libération. Il n'a pas le droit de s'impliquer dans des activités politiques et il ne peut pas être responsable d'investissements ou de questions financières pour une autre personne, une entreprise, une oeuvre de charité ou une institution, même à titre bénévole. M. Vaillancourt qui est âgé de 76 ans, bénéficiera toutefois de sorties en conformité aux règlements. Sorti de la prison de Saint-Jérôme, il se retrouve maintenant dans un lieu dont l'adresse a été caviardée.

Gilles Vaillancourt a été arrêté et accusé en mai 2013 à la suite de l'enquête Honorer de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Trente-six autres personnes ont également été arrêtées en même temps que lui relativement à un système de collusion et de corruption dans l'octroi des contrats publics de Laval. Le partage organisé des contrats générait une ristourne.

Selon les statistiques de la récidive citées dans la décision de la CLCC, quatre délinquants sur cinq ne commettent pas d'actes criminels dans les trois années suivant leur libération.