Une soeur de Sabrine Djermane, cette ex-cégépienne qui subit son procès pour terrorisme à Montréal, sera accusée d'avoir entravé le cours de la justice.

Rania Djermane a fait des déclarations aux enquêteurs de l'Équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC à l'époque de l'arrestation de sa soeur et de l'amoureux de celle-ci, El Mahdi Jamali, en avril 2015.

Ces déclarations ont été dévoilées dans plusieurs mandats de perquisition rédigés à l'époque et obtenus par La Presse. Nous en avons souvent fait état dans nos pages.

Puisque le couple Djermane-Jamali subit actuellement son procès pour terrorisme devant jury et que les propos de la jeune soeur Djermane n'y ont pas été exposés, il nous est pour le moment interdit d'en dévoiler la teneur.

Selon une dénonciation déposée cette semaine au palais de justice de Montréal, Rania Djermane est accusée d'avoir «volontairement tenté d'entraver, de détourner ou de contrecarrer le cours de la justice».

Elle est attendue devant un juge le 8 novembre prochain.

Les faits qui lui sont reprochés remontent au 14 mai 2016.

À l'époque, Sabrine Djermane, 21 ans et El Mehdi Jamali, 20 ans, subissaient leur enquête préliminaire au palais de justice, une étape lors de laquelle plusieurs personnes ont été appelées à témoigner devant un juge en préparation du procès.

Règle générale, les avocats rencontrent à l'avance les témoins qu'ils prévoient faire entendre afin de préparer leur témoignage. Les témoins sont ensuite appelés à la barre.

Rania Djermane, qui, par ses déclarations aux policiers de la GRC en 2014 qui sont relatés dans les mandats de perquisition, aurait dû être un témoin clé de la poursuite, n'avait pourtant pas été appelée devant le juge par les procureurs, laissant croire qu'elle aurait entre-temps changé sa version des faits.

La jeune femme ne sera pas non plus appelée à témoigner par la poursuite dans le cadre du procès. Les procureurs de la couronne ont dévoilé leur liste de témoins il y a plusieurs semaines déjà et aucun membre de la famille Djermane ou de la famille Jamali n'en fait partie.

Lors de son témoignage au début du procès, un enquêteur de l'Équipe intégrée de la sécurité nationale, Keven Rouleau, a expliqué que c'est une soeur ainée de Sabrine qui a été la première à alerter la police à propos du couple au printemps 2015.

Sabrine, disait-elle, avait quitté la résidence familiale. El Mehdi affichait un drapeau du groupe armé État islamique sur sa page Facebook.

La plainte avait été prise au sérieux et M. Rouleau, avait contacté l'accusée.

Le policier a également raconté devant le tribunal avoir entrepris une série de rencontres avec Sabrine, El Mahdi, une amie de Sabrine ainsi que sa mère et deux de ses soeurs, dont Rania Djermane.