Persuadé que sa conjointe avait couché avec le voisin, Jonathan Exi l'aurait tuée d'une soixantaine de coups de couteau, le matin du 3 mars 2012. Aujourd'hui, alors qu'il est jugé pour meurtre prémédité, Exi, 47 ans, invoque le trou noir, les problèmes de langue, mais aussi les voix qui lui parlaient dans sa tête, pour expliquer ce qui est arrivé le jour fatidique.

D'origine haïtienne, Exi s'est exilé aux États-Unis, en 1996, où il a vécu pendant des années. Par la suite, il est venu au Canada. Il est arrivé en août 2008 et dit avoir obtenu ses papiers. Il travaillait comme boucher.

En mai 2010, il croise une femme qui lui plaît dans le métro, Justine Macena Blaise. L'attirance est réciproque, selon son témoignage. Ils se revoient, et dès juillet de la même année, Exi va demeurer avec madame dans la rue Arthur-Chevrier, à Montréal-Nord. Selon Exi, ils filent le parfait bonheur pendant un an, soit jusqu'à ce que madame se mette à travailler, à l'été 2011. Exi soupçonne alors sa conjointe de le tromper. Il scrute les appels sur le téléphone.

Pas là

Le soir du 2 mars 2012, Exi part pour aller à l'église faire une nuit de prières, mais en chemin, une voix lui dit de revenir à la maison. Il entend souvent des voix dans sa tête, dit-il, et évoque des cousins qui ont souffert de maladie mentale. Quoi qu'il en soit, ce soir-là, il écoute la voix et revient à la maison. Il constate que Justine n'est pas là, pas plus que le fils de Justine, qui a 3 ans. Il est sûr que Justine le trompe, notamment avec un voisin de palier. Quand Justine revient, le matin, Exi la somme de s'expliquer. Il se souvient avoir mis sa main dans son vagin et avoir senti le « sperme de l'autre ». Il a poussé Justine. Après, il ne se souvient plus, car c'est le trou noir, dit-il.

Souvenirs

Mais voilà, après les événements, en 2012, Exi avait donné une déclaration en français à la police et avait avoué qu'il avait poignardé Justine avec deux couteaux. Il avait songé à la tuer « hier », avait-il dit.

Aujourd'hui, Exi soutient qu'il y a eu confusion sur cet élément de préméditation, en raison de sa mauvaise compréhension de la langue. Pour son procès, il est assisté d'une interprète qui lui traduit tout en créole. Même la déclaration qu'il a lui-même donnée aux policiers, en 2012.

Le procureur de la Couronne Jacques Dagenais a rappelé à l'accusé que les expertises scientifiques avaient démontré qu'il n'y avait aucune trace de sperme dans les cavités corporelles de la victime.

Exi est persuadé que le médecin et les policiers ont menti à son procès. Il pense qu'il faut apporter des « corrections » au système de justice canadien.

Le procès, qui a commencé la semaine dernière, se déroule devant jury. L'accusé est représenté par Me Patrick Davis et Me Reginal Victorin.