Les préposés de la municipalité de L'Isle-Verte auraient commis des «fautes lourdes et grossières » lors de l'incendie de la Résidence du Havre, qui a coûté la vie à 32 personnes en janvier. Sans ces «fautes» alléguées, « la catastrophe aurait pu être évitée ou considérablement diminuée ».

C'est du moins ce que soutiennent les propriétaires de la Résidence du Havre et leur compagnie d'Assurance (Promotuel Rivière-du-Loup) dans une poursuite conjointe déposée mardi. Ils réclament 3,8 millions à la municipalité de L'Isle-Verte pour rembourser la valeur de la bâtisse et compenser les préjudices physiques et psychologiques subis. 

Dans la nuit du 23 janvier, un incendie majeur a détruit la résidence du Havre, tuant 32 des 54 personnes âgées qui y vivaient. La plupart des résidents n'étaient pas autonomes.

Les propriétaires de la Résidence du Havre, Irène Plante et Roch Bernier, reprochent à la municipalité de L'Isle-Verte de ne pas avoir mis sur pied un plan d'urgence et un plan d'évacuation. Ils soutiennent que M. Bernier en faisait la demande depuis cinq ans auprès du directeur général de la ville et du chef du service de sécurité incendie (composé de 16 pompiers volontaires).

Selon la poursuite, ce « manque de planification » serait en partie attribuable à des tensions « connues et non résolues » entre la municipalité, son service incendie et le service incendie de Rivière.

Résultat : le soir de l'incendie, soutiennent les propriétaires de la Résidence du Havre, « les proposés de la municipalité ont improvisé ».

 Dans leur requête, dont La Presse a obtenu copie, Irène Plante et Roch Bernier énumèrent une série de fautes alléguées (qui n'ont pas encore été prouvées en cour). Les voici:

-Un seul camion/incendie serait arrivé sur les lieux environ 15 minutes après la première alarme.

-Ce camion n'aurait pas été équipé d'échelles adéquates pour permettre le sauvetage des résidents.

-Le deuxième camion ne serait arrivé sur les lieux plusieurs minutes plus tard.

-Les effectifs assignés pour combattre l'incendie auraient été insuffisants. 

-Les pompiers volontaires n'auraient pas eu le matériel adéquat pour prodiguer des soins d'urgence.

-La pression d'eau des points de distribution aurait été insuffisante, ce qui aurait été connu de la municipalité.

-Les équipements de transport pour évacuer les résidents en perte d'autonomie auraient été inadéquats.

-Les responsables du service de sécurité incendie n'auraient pas demandé l'aide des villes bien équipées comme Rivière-du-Loup et Rimouski. Ils auraient plutôt demandé l'aide, tardivement, des municipalités voisines.

Comme l'affaire sera entendue devant les tribunaux, les deux parties ont préféré ne pas la commenter. Les propriétaires de la Résidence du Havre sont représentés par Me Guy Bertrand.

Rappelons que l'enquête de la Sûreté du Québec est toujours en cours dans cette affaire et que les causes exactes du sinistre demeurent inconnues. Selon les derniers renseignements qui ont filtré, les flammes pourraient avoir pris naissance dans la cuisine, et non dans la chambre d'un locataire fumeur. La partie la plus ancienne de la résidence n'était pas munie d'un système de gicleurs automatiques, mais elle était conforme aux normes gouvernementales en vigueur.