L'ex-douanière Marilyn Béliveau, décrite à son procès comme un pion de la mafia au sein de l'appareil sécuritaire canadien, a été déclarée coupable hier de corruption, complot pour importation de drogue et gangstérisme.

L'accusée était en larmes en écoutant la juge Sylvie Durand. Dans la salle d'audience, ses proches secouaient la tête, comme pour contredire les conclusions de la magistrate.

Béliveau, qui a fréquenté au fil des ans plusieurs criminels notoires malgré son statut de douanière, a participé à deux complots d'importation de drogue.

La douanière travaillait au siège social de l'Agence des services frontaliers du Canada à Montréal. Son rôle dans le réseau d'importation de drogue était double, selon la poursuite. Elle aurait donné des conseils aux criminels pour qu'ils puissent importer leur marchandise sans se faire prendre, et elle devait les avertir si les autorités s'intéressaient de trop près à leur marchandise, toujours selon la Couronne.

«Sans être formellement membre du groupe, Béliveau est loin d'agir à des fins personnelles», a souligné la juge.

Les têtes dirigeantes du complot, Kanho et Torre, ont déjà reconnu leur culpabilité à des accusations similaires et ont écopé de 14 ans de prison. Ils travaillaient pour le compte du clan Rizzuto de la mafia italienne.

Des conversations interceptées par la police au cours de l'enquête ont démontré que les criminels utilisaient la douanière, tout en se montrant méprisants à son égard dans son dos. Ils la surnommaient la «booz», un terme désignant une prostituée dans leur jargon.

Une peine moins lourde?

Les plaidoiries sur la peine à imposer à Marilyn Béliveau auront lieu le 1er octobre. La peine maximale à laquelle elle fait face est la prison à vie, mais le procureur de la Couronne Yvan Poulin a affirmé qu'il faudra tenir compte des sentences de 15 ans de prison prononcées contre les têtes dirigeantes de l'organisation Rizzuto dans cette affaire. Elle devrait donc écoper d'une peine moins lourde que la leur.

L'ex-douanière a quitté le palais de justice en larmes, solidement encadrée par sa famille, qui tentait de la dérober aux objectifs des photographes et cameramen.

Son coaccusé, Samir Salame, jugé coupable de huit chefs d'accusation liés aux complots d'importation, ne s'est pas gêné pour dire ce qu'il pensait du verdict en sortant de la salle d'audience. «Ostie de système de trous de cul de marde!», a-t-il lancé.