Le nombre de dossiers ouverts sur la cyberpédophilie a augmenté d'environ 50% depuis 2004. Le total est passé de 227 en 2004 à 348 en 2011, selon des chiffres que La Presse a obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Or, la Sûreté du Québec (SQ) ne disposait que de 13 inspecteurs dans son équipe d'enquête sur la cyberpédophilie.

Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a annoncé hier l'ajout de 21 enquêteurs et spécialistes. Ils seront aussi épaulés par quatre nouveaux employés civils. Il s'agit de nouvelles embauches et non de déplacement de personnel, a assuré Richard Deschesnes, directeur général de la SQ.

La SQ compte désormais 104 employés affectés spécialement à la cybercriminalité.

M. Dutil a dévoilé hier la première pièce de sa stratégie en quatre axes. Les trois autres concerneront l'information et la sensibilisation, la prévention et l'intervention ainsi que le dépôt d'un projet de loi, «le plus rapidement possible». Mais le ministre est resté évasif sur son contenu. Il visera à «resserrer nos lois pour que [la cyberpédophilie] soit mieux sanctionnée», a-t-il indiqué. «Le plus important, c'était d'avoir plus de ressources. Un projet de loi sans ressources n'est pas facile à appliquer», a-t-il ajouté.

«C'est une bonne nouvelle, ça fait plusieurs mois qu'on se plaint du manque d'enquêteurs», a dit Bertrand St-Arnaud, porte-parole du Parti québécois en matière de sécurité publique. Il espère toutefois qu'il ne s'agit pas d'un «bonbon électoral». «Il faut que ces postes soient rapidement comblés, contrairement à ce qui a été fait à l'Unité permanente anticorruption.»

La Coalition avenir Québec juge l'annonce «insuffisante». En décembre dernier, sa députée Sylvie Roy a déposé un projet de loi sur la dénonciation obligatoire de la pornographie juvénile. Elle veut que le gouvernement l'étudie. Et elle voudrait que la SQ mette en place un «service 911» sur l'internet pour dénoncer les pédophiles.

Pas si fréquent

Patrice Corriveau, criminologue à l'Université d'Ottawa, remet l'annonce en perspective.

«L'ajout de policiers est très positif et ça frappe l'imagination des citoyens. Cependant, il ne faut pas perdre de vue le portrait général. Des étrangers qui utilisent l'internet pour avoir un échange sexuel avec des jeunes, ce n'est pas si fréquent. Les enfants agressés le sont plus souvent par des gens qu'ils connaissent, des membres de leur famille», rappelle le spécialiste et coauteur de Cyberpédophiles et autres agresseurs virtuels.

Il insiste sur l'importance de la prévention et de la sensibilisation.