Afin de faire débloquer une enquête qui dure depuis plus de trois ans, la police de Montréal a annoncé aujourd'hui une offre de récompense de 2000 $ pour toute information permettant d'épingler l'assassin d'un caïd tué après avoir causé un schisme majeur au sein de l'univers des gangs de rue latino-américains.

Ce sont des donateurs anonymes qui offrent la récompense par l'entremise de l'organisme Jeunesse au Soleil, afin d'élucider la mort d'Eduardo Jose Mata, un vétéran du gang des 18th Street tué dans Ahuntsic le 16 novembre 2008.

Le jeune homme alors âgé de 20 ans s'était alors rendu au bar Station 21, sur la rue Chabanel Ouest, dans Ahuntsic, avec des amis. Vers 1h30, il se serait disputé avec une connaissance à l'intérieur de l'établissement.

Un homme de race noire s'est alors approché, a sorti une arme de poing et a fait feu sur la victime, semant la pagaille parmi les nombreux clients.

Les amis d'Eduardo Jose Mata se sont rués sur l'agresseur. Une bagarre a éclaté et l'oncle de Mata, un certain Henrique Abarzua, a été atteint d'un coup de feu à l'oreille. Malgré sa blessure, il a réussi à prendre l'arme du tireur, avant d'être à son tour désarmé par une tierce personne.

Eduardo Jose Mata est décédé à l'hôpital peu après.

En conflit avec les plus vieux

À l'époque de sa mort, il était impliqué dans une scission majeure au sein de la «famille» des 18th Street, un gang de rue qui comptait alors environ 75 membres dans le grand Montréal, principalement d'origine latino-américaine, selon le témoignage qu'a livré un enquêteur spécialisé de la police de Montréal en cour.

Le gang est actif dans la vente de stupéfiants, les crimes violents, les invasions de domicile, les vols qualifiés et les vols en réseau, selon la police. Ils seraient aussi spécialistes des vols à l'étalage commis avec un sac spécial surnommé «magic bag».

Depuis 2003, les 18th Street étaient composés de plusieurs petites cliques disséminées à Montréal, au sommet desquelles trônait un groupe d'élite, les «Coronados», des vétérans qui portaient un tatouage de couronne et passaient des commandes aux plus jeunes.

Toujours selon le témoignage de l'enquêteur, Eduardo José Mata était entré en conflit avec la tête dirigeante des Coronados et avait fondé sa propre clique, les Three-Six-Mafia, au sein de la famille des 18th Street. Il n'avait pas demandé la permission pour le faire.

Plusieurs autres membres du gang, insatisfaits des vieux leaders, avaient suivi Mata comme chef de la nouvelle clique. Son influence faisait de l'ombre aux autres dirigeants.

Deux sources proches du dossier ont toutefois affirmé qu'au moment de sa mort, des informations circulaient selon lesquelles Mata souhaitait quitter complètement le milieu des gangs et refaire sa vie loin des querelles et des conflits. Il n'en a toutefois pas eu le temps.

Eduardo Jose Mata