Les 300 avocats de l'aide juridique du Québec ont entamé, jeudi, des moyens de pression pour faire comprendre au gouvernement Charest qu'ils n'accepteront pas un salaire moindre que celui des procureurs de la Couronne, qui se sont récemment entendus avec Québec.

Ils ont profité de la pause du dîner, jeudi, pour participer à une marche silencieuse devant une dizaine de palais de justice de la province - dont ceux de Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau -, afin de sensibiliser la population à leurs revendications.

Les avocats de l'aide juridique, dont la convention collective est échue depuis le 31 mars 2010, réclament le même traitement consenti aux procureurs aux poursuites criminelles et pénales.

Selon Donato Centomo, porte-parole d'environ 150 avocats de l'aide juridique syndiqués à la CSN, les procureurs de la Couronne obtiendraient une augmentation salariale de plus de 20 pour cent en vertu du dernier règlement, dont les modalités n'ont pas encore été dévoilées. Ceux de l'aide juridique réclament donc un traitement paritaire avec leurs collègues de la Couronne.

«Ils (les procureurs aux poursuites criminelles et pénales) viennent de convenir une entente qui va créer un écart salarial de plus de 20 pour cent. Cet écart-là, s'il se manifeste, va nécessairement être préjudiciable aux gens que nous défendons tous les jours devant les tribunaux», a affirmé Me Centomo.

«Il n'est pas question pour nous que le statut des procureurs aux poursuites criminelles et pénales soit différent au niveau des conditions de travail. Que leur régime de négociations soit différent (...) ça, on n'a pas d'objections, il n'y a pas de problème. Le problème, c'est que le résultat global ne doit pas faire en sorte qu'un avocat qui oeuvre pour la poursuite soit payé plus cher qu'un avocat qui oeuvre pour la défense», poursuit-il.

Me Centomo affirme que les avocats de l'aide juridique ne se sont pas battus depuis 30 ans pour se contenter maintenant de reculs. Pour lui, les avocats doivent être rémunérés selon la même échelle salariale, d'autant plus que ceux qu'il représente travaillent dans plusieurs champs d'activités, que ce soit en droit de la famille, en droit social, en droit administratif ou en droit civil.

Avocat de l'aide juridique depuis 32 ans, Donato Centomo invite par ailleurs le gouvernement Charest à amorcer immédiatement la prochaine ronde de négociations avec la CSN et la Fédération des avocats d'aide juridique du Québec, qui représentent l'ensemble des avocats de l'aide juridique de la province.

À Québec, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a refusé de commenter le dossier, préférant renvoyer les demandes d'entrevues à la Commission des services juridiques. Cet organisme est chargé de l'application de la Loi sur l'aide juridique, et doit s'assurer que l'aide soit accessible à toute personne admissible qui en fait la demande.

Joint par téléphone par La Presse Canadienne, son porte-parole, Richard La Charité, ne s'est pas dit surpris de ce qui est demandé par les avocats de l'aide juridique.

«Je vous dirais que le climat est serein. Les parties exposent et espèrent arriver à une entente. On n'est pas surpris de ce qui est demandé, de toute façon, les avocats et avocates de l'aide juridique ont toujours demandé la parité avec la Couronne. Ça fait partie des négociations,» explique-t-il.

D'ailleurs, il soutient que les négociations sont déjà bien amorcées et qu'il y a déjà eu une première rencontre préliminaire entre les deux parties le 1er novembre dernier. Selon M. La Charité, cinq autres rencontres de négociations ont été fixées d'ici la fin décembre, dont une lundi prochain.