Qu'est-ce qui a bien pu pousser un homme de 31 ans, apparemment sans histoire, à subitement assassiner son beau-père d'un coup de couteau dans le cou, sous les yeux de sa mère et en présence des parents de la victime?

C'est le mystère que devront tenter de résoudre les limiers de la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent, après avoir arrêté un homme de 31 ans, lundi soir, pour formellement l'accuser de meurtre non prémédité.

Le drame s'est joué sur la rue François, dans un paisible quartier d'Otterburn Park, près du mont Saint-Hilaire, peu avant 22h.

C'est la victime elle-même, Marc Richer, 46 ans, qui a composé le 911 pour dire qu'il venait d'être poignardé au cou par le fils de sa conjointe.

L'homme a rapidement été transporté à l'hôpital, où il a rendu l'âme.

Quant à son beau-fils de 31 ans, Pierre Pépin, il a été rapidement retracé quelques rues plus loin alors qu'il quittait les lieux à pieds, ayant laissé sa voiture sur les lieux de la tragédie.

Il sera formellement accusé de meurtre non prémédité aujourd'hui au palais de justice de Saint-Hyacinthe.

Personne dans l'entourage de cette famille n'arrive à s'expliquer cet accès de rage subit de Pierre Pépin.

Sa mère vivait avec Marc Richer depuis une vingtaine d'années, selon son cousin et très proche ami Guillaume Latrémouille.

«Marc était comme son vrai père», affirme le jeune homme.

Dans la soirée de lundi, la famille écoutait le match du Canadien à la télévision. La maison de Marc Richer et sa compagne avait récemment été rénovée afin de la transformer en demeure bigénérationnelle. Les parents de Marc Richer avaient ainsi emménagé dans l'appartement bâti à l'étage depuis un mois environ.

Guillaume Latrémouille indique que Pierre, qui habitait Saint-Jean-sur-Richelieu, s'est rendu chez sa mère et son beau-père dans le courant de la soirée de lundi.

Le jeune homme a recueilli chez lui ses grands-parents et les parents de Marc Richer, qui n'ont pas vu le meurtre être commis, mais qui, quelques instants après être remontés dans leur logement, ont entendu crier au rez-de-chaussée. Ils sont redescendus et ont vu leur fils ensanglanté.

Sous le choc, ils n'ont aucune idée de ce qui a pu pousser Pierre Pépin à poser ce geste insensé.

Quant à la mère de Pépin et conjointe de la victime, elle a assisté à la scène.

«Ma tante n'a pas encore dit un mot sur ce qui s'est passé», a indiqué Frédéric Latrémouille, un autre cousin du suspect et frère de Guillaume.

Tous deux sont catégoriques, aucun conflit ne sévissait entre Marc Richer et Pierre Pépin.

Mais celui-ci, disent-ils, filait un mauvais coton.

«Ça n'allait pas très bien dans sa vie. Il était artiste, tatoueur, et ça ne fonctionnait pas comme il le souhaitait», explique Frédéric, ajoutant que la mère et le beau-père de Pierre l'aidaient souvent, payant pour lui une épicerie ou d'autres denrées à l'occasion. Ils s'étaient même fait tatouer par lui.

«Sa blonde venait de le laisser. C'est aussi pour ça qu'il n'allait pas. Il était chez moi la fin de semaine passée, et il était très en colère», ajoute Guillaume.

Mais jamais il ne l'aurait cru capable de commettre un meurtre.

Ils ajoutent tous deux par contre que leur cousin avait des comportements étranges, qu'il était souvent paranoïaque et tenait des discours incohérents.

«Par exemple, il habitait Saint-Jean, et il disait qu'il voulait partir. Il se trouvait trop proche de la base militaire. Il était certain qu'il y avait des magouilles sur la base, des tunnels partout autour», explique Frédéric.

Les deux frères ne savent pas si leur cousin a déjà reçu un diagnostic en psychiatrie, mais croient que la maladie mentale, peut-être additionnée d'une consommation de drogue, est la seule chose qui pourrait expliquer le meurtre.

«La drogue, ça n'aide pas à reprendre contact avec la réalité», opine Guillaume Latrémouille.

«C'est une bulle qui a pété. Je ne vois pas autre chose», renchérit Frédéric.