Au cinquième jour de ses délibérations, le jury a acquitté Cedric Stark, 22 ans, du meurtre de Vaughn Williams, hier à Montréal. Stark, qui admettait avoir donné le coup de couteau mortel à la victime mais qui plaidait la légitime défense, est sorti libre du palais de justice. «Le Seigneur est grand», s'est réjouie sa mère.

Par un concours de circonstances, la mère de la victime, qui avait assisté à tout le procès et avait patiemment attendu le verdict toute la semaine, ne pouvait être présente, hier. Son fils, Vaughn Williams, âgé de 24 ans et père de deux jeunes enfants, a été poignardé dans le dos le 23 septembre 2008, dans le vestibule de l'immeuble où il habitait, chemin Queen-Mary. L'incident est survenu vers 20h30, au terme d'une dispute pour une poignée de dollars entre les deux jeunes hommes, qui étaient voisins. La veille, Stark avait donné 45$ à Williams pour de la marijuana. Williams en avait remis 1 g à Stark et devait livrer le reste (environ 6 g) plus tard. Mais il ne l'a pas fait le jour même. Mécontent, Stark a envoyé plusieurs textos à Williams le lendemain (23 septembre), pour avoir la marchandise ou son argent. Finalement, en début de soirée, Williams a dit à Stark de venir le voir devant l'immeuble. Les deux hommes sont entrés dans le vestibule pour discuter. Au bout de quelques minutes, Stark est sorti en courant, suivi de Williams, qui s'est écrié: «Il m'a poignardé» avant de s'effondrer. La victime n'a reçu qu'un seul coup de couteau, mais celui-ci lui a tranché une artère pulmonaire, ce qui a provoqué la mort en quelques minutes.

Stark a couru. Il dit s'être débarrassé du couteau en le lançant et avoir jeté son chandail taché de sang dans ce qu'il pense être une poubelle. Ni l'un ni l'autre de ces précieux indices n'a été retrouvé par les policiers bien que Stark soit allé avec eux pour leur montrer l'endroit après s'être livré, le lendemain.

Légitime défense

Au procès, Stark a soutenu que le couteau appartenait à Williams et que c'est ce dernier qui l'avait attaqué dans le vestibule, comme une «bête féroce». Assurant qu'il était pris dans un coin, Stark a raconté qu'il avait réussi à arracher le couteau des mains de Williams et qu'il lui avait donné un coup pour pouvoir fuir. Stark soutenait s'être gravement coupé un doigt en faisant cela. Étonnamment, pas une goutte de son sang n'a été retrouvée dans le vestibule. Par ailleurs, lors de l'autopsie, on a trouvé 40$ dans les poches de la victime, soit à peu près la somme qui était à l'origine de la dispute.

Lors de ses directives, le juge Claude Champagne a ouvert trois verdicts possibles: coupable de meurtre non prémédité (l'accusation de départ), coupable d'homicide involontaire ou acquittement. Au cours de ses délibérations, le jury a demandé à réentendre des témoignages, dont celui de l'accusé, et a même demandé un ruban à mesurer pour calculer on ne sait quoi. Les jurés sont arrivés avec un verdict d'acquittement vers 14h30, hier. Il faut croire que la légitime défense plaidée par Me Pascal Lescarbeau, avocat de l'accusé, a convaincu les jurés ou, à tout le moins, a jeté un doute raisonnable.

Le procureur de la Couronne, Pierre Labrie, paraissait déçu du verdict mais ne pouvait dire, hier, s'il y avait matière à appel. En ce qui concerne Stark, ses parents et lui ont accueilli l'acquittement avec émotion. Le jeune homme a vite relayé la nouvelle à ses amis avec son téléphone portable.