«Abject et inacceptable.» Ce sont les qualificatifs que le psychiatre Pierre Mailloux a utilisés hier, en Cour supérieure, pour qualifier l'évaluation psychiatrique que sa collègue Renée Fugère a faite de l'accusé Daniel Bédard.

La Couronne voudrait faire déclarer M. Bédard délinquant dangereux, ou à contrôler. Le quinquagénaire, dessinateur en bâtiments, est régulièrement accusé de menaces et de harcèlement envers des représentants de diverses institutions. Au tribunal, il crie, injurie le juge et les avocats, s'emporte. Il s'est régulièrement retrouvé à l'Institut Philippe-Pinel au cours des dernières années.

Dans sa requête, la procureure de la Couronne Josée Lemieux a demandé une évaluation psychiatrique de l'accusé. La Dre Fugère a conclu qu'il fait du délire de persécution et qu'il a une personnalité narcissique. Le mettre en liberté sans traitement représenterait un risque pour la société, selon la psychiatre.

Le Dr Mailloux, à peu près le seul qui trouve grâce aux yeux de Bédard, a été embauché par l'Aide juridique pour faire contrepoids à l'évaluation de la Dre Fugère. Le controversé psychiatre estime que Bédard est parfaitement sain d'esprit et que ses colères sont légitimes étant donné ce qu'il subit depuis quelques années. «Si M. Bédard ne faisait pas de colères périodiques, je serais inquiet pour sa santé», a dit M. Mailoux hier.

Le Dr Mailloux, qui est à couteaux tirés avec le Collège des médecins, affirme qu'il a porté plainte contre la Dre Fugère. Il lui reproche d'avoir fait son évaluation sans rencontrer l'accusé, en se basant sur celle d'un autre psychiatre qui n'avait pas rencontré l'accusé lui non plus. Il estime que Bédard est un être brillant, d'une intelligence supérieure à la moyenne, et qu'il n'a aucune maladie mentale.

L'audience se poursuivra mardi.