Le frère d'Omar Khadr, Abdullah, a été libéré mercredi après quatre ans et demi de détention, un juge de la cour supérieure de l'Ontario ayant rejeté une demande d'extradition des États-Unis.

Selon le juge Christopher Seyer, les États-Unis ont violé des principes élémentaires de justice dans le cas d'Abdullah Khadr, âgé de 29 ans.

«Même si M. Khadr aurait pu détenir des renseignements sensibles, il a droit aux dispositifs de protection prévus par la loi et non à une détention arbitraire et illégale dans un centre secret où il a subi des abus physiques», a écrit le juge Seyer.

Les violations subies par Abdullah Khadr pendant sa détention de 14 mois au Pakistan, a ajouté le juge Seyer, sont «odieuses» et «injustifiables».

Abdullah Khadr avait été arrêté à Toronto en décembre 2005, sous le coup d'une demande d'extradition émise par autorités américaines à son endroit.

Les États-Unis soupçonnent M. Khadr d'avoir fourni des armes à la formation terroriste al-Qaïda. L'arsenal, invoquent-ils, devait servir à attaquer les forces américaines basées en Afghanistan.

Les avocats de Khadr ont insisté sur le fait que leur client avait été interrogé sous la torture au cours de sa détention au Pakistan et que c'est à ce moment qu'il aurait donné des informations incriminantes. Celles-ci ont été transmises au FBI.

Ces derniers auraient dû réaliser qu'on ne pouvait se baser sur le témoignage de Khadr, a souligné le juge Seyer.

Christopher Seyer a toutefois reconnu que si les droits que garantit la Charte canadienne à Abdullah Khadr n'avaient pas été bafoués, il l'aurait extradé.

À sa sortie de la salle d'audience, M. Khadr s'est jeté dans les bras de sa mère en pleurs et de ceux de sa grand-mère et de ses soeurs. Il a remercié les Canadiens pour leur système de justice tout en disant qu'il pouvait à peine croire qu'il était enfin libre.

«C'est un nouveau départ pour moi. Je veux recommencer à zéro et je ne veux plus penser à tout cela», a déclaré Abdullah Khadr.

De son côté, l'avocat de la défense Dennis Edney s'est dit comblé du jugement de la cour supérieure.

Il espère que le gouvernement fédéral respectera les éléments de preuve présentés au plus haut tribunal d'Ontario et qu'il ne fera pas appel du verdict.

«Les méthodes de ce gouvernement ont été tout à fait déraisonnables, a-t-il déclaré. Nous serons très heureux s'ils changent leurs habitudes.»

De passage à Montréal, où il donnait une conférence de presse sur l'amendement du Code criminel, le ministre fédéral de la Justice Rob Nicholson n'a pas formulé de commentaire immédiat. Par contre, le gouvernement se penchera attentivement sur le cas, a-t-il assuré.

Cette remise en liberté survient alors que doit s'amorcer, dans quelques jours à peine, le procès de son frère Omar Khadr, à Guantanamo. Khadr est accusé d'avoir lancé une grenade et tué un soldat américain en juillet 2002, en Afghanistan alors qu'il n'avait que 15 ans.