La famille Sheikh tente d'éviter l'expulsion vers son pays d'origine, le Pakistan. Elle comparaissait hier en Cour fédérale pour une demande de révision judiciaire, vraisemblablement son dernier recours.

En juillet dernier, les parents, Sabir Mohammed et Seema Sheikh, avaient déjà été expulsés vers les États-Unis, pays à partir duquel ils étaient entrés au Canada en 2000. Ils pourraient maintenant être renvoyés au Pakistan. Leurs trois enfants qui habitent Montréal, deux adultes, Sami et Ashna, et une fillette de 5 ans, Sabrina, sont menacés du même sort.

Fausse déclaration

Ce qu'on leur reproche? Les Sheikh ont rempli une fausse déclaration en 2000 pour obtenir le statut de réfugié. Ils avaient inscrit qu'ils résidaient aux Émirats arabes unis depuis seulement trois ans. Or, ils y habitaient depuis plus de 20 ans.

C'est l'ancien conjoint de leur fille -qui l'aurait battue à répétition- qui a dénoncé les Sheikh aux autorités. Il ne reste plus que les enfants Sheikh au Canada.

L'été dernier, la cour avait accepté de suspendre l'expulsion des trois enfants qui habitent Montréal. Leur avocat, Me Stewart Istvanffy, demande une révision pour des motifs humanitaires. «S'ils retournent au Pakistan, leur vie est menacée», lance-t-il. Selon Me Istvanffy, les Sheikh seraient étroitement associés au Parti du peuple pakistanais, le parti des Bhutto. Le grand-père Sheikh aurait été assassiné par des opposants en 1998.

Un neveu de la famille aurait quant à lui été tué avec une perceuse électrique. Et le fils des Sheikh, Sami, aurait été menacé d'un fusil au cours d'un voyage au Pakistan il y a quelques années. Me Istvanffy plaide aussi que la famille est désormais bien intégrée au Québec. «Si mes parents ont rempli une fausse déclaration, c'était pour protéger la vie de leur famille. N'importe qui d'autre aurait fait la même chose à leur place», indique dans un français impeccable Sami Sheikh, 21 ans.

La Couronne allègue que, si la famille Sheikh avait quitté le Pakistan pour Dubaï, c'était surtout pour trouver un meilleur emploi, et non pour fuir la persécution. Elle prétend aussi que, comme la famille Sheikh voyageait parfois au Pakistan, cela prouve que les menaces au pays n'étaient pas si grandes.

La décision de la Cour fédérale devrait être rendue dans quelques semaines.