La communauté rwandaise du Canada a accueilli le verdict de culpabilité rendu contre Désiré Munyaneza avec soulagement, vendredi, après des mois d'attente où elle craignait que l'homme accusé de crimes de guerre ne soit acquitté.

«Si le jugement avait été en faveur de l'accusé, les victimes n'y auraient pas survécu. Elles ont été violées une première fois durant le génocide. Elles ont revécu le pire cauchemar de leur vie en témoignant contre lui. L'acquittement, ça aurait été comme un troisième viol», a décrit le président de la diaspora rwandaise du Canada, le Dr Jean Kamanzi.

Le Dr Kamanzi venait de terminer une entrevue téléphonique avec un animateur d'une station de radio de Kigali quand il a parlé à La Presse, vendredi après-midi. «La nouvelle s'est rendue très, très vite au Rwanda. Là-bas aussi, les gens attendaient le verdict avec impatience», a-t-il dit.

Pour la communauté rwandaise, le Canada envoie un message d'une importance capitale au reste du monde. «Le Canada ne peut servir de terre d'asile aux criminels de guerre. C'est arrivé dans le passé que des victimes du génocide réfugiées ici se retrouvent face à face avec leurs bourreaux», raconte le président de la diaspora rwandaise du Canada qui représente quelque 10 000 personnes.

«Il y en a d'autres (Munyaneza) au Canada. J'espère que les recherches sont très avancées et que d'autres procès se feront», a dit pour sa part César Gashabizi de Page-Rwanda, une association de survivants du génocide de 1994, au cours duquel près de 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués.

Le Congrès juif québécois s'est aussi réjoui du verdict du juge André Denis, rendu après six mois de délibérations. «Il est important de se souvenir des victimes du génocide au Rwanda, ce qui inclut les familles dont il n'existe aucun témoin du jugement rendu aujourd'hui», a affirmé le président du Congrès, Adam Atlas.