Saïd Namouh jouait un rôle important au sein du Global Islamic Media Front (GIMF). Outre le montage de films et la diffusion de propagande pour le Jihad sur l'internet, il était le 2e membre le plus actif sur le forum Khidemat, réservé aux initiés.

C'est ce qui se dégage du compte rendu que Rita Katz livre depuis hier dans le cadre du procès de Namouh, au palais de justice de Montréal. Originaire du Maroc, l'homme de 35 ans est accusé d'avoir fomenté un complot terroriste à l'explosif et de participation aux activités d'un groupe terroriste alors qu'il résidait à Maskinongé en 2006 et 2007.

 

La preuve retenue contre lui a été recueillie principalement dans ses ordinateurs. Or, Mme Katz passe son temps à suivre les tentacules de la propagande islamiste radicale sur le Net. Née en Irak en 1963 dans une famille juive, elle a fui en Israël avec sa famille en 1972. En 1997, elle s'est établie aux États-Unis. En 2002, elle a cofondé le Site Intelligence Group, une firme privée qui s'emploie à comprendre le terrorisme, et son évolution dans le cyberespace. La Couronne l'a fait venir pour expliquer comment ça fonctionne, afin de déterminer le rôle que Namouh a pu jouer.

Mme Katz a pris connaissance de la preuve retenue contre l'accusé et l'a analysée, dans un rapport de 121 pages. Le tribunal l'a déclarée experte de la propagande jihadiste provenant du Global Islamic Media Front. D'entrée de jeu, hier matin, la femme de 45 ans, toute menue, a expliqué que Al-Qaeda a adopté l'internet qui décentralise et facilite ses activités. «Avant, il fallait aller dans des camps d'entraînement. Là, ils peuvent télécharger des centaines de vidéos et manuels expliquant tous les rudiments, comme la construction d'armes chimiques, les ceintures explosives, les cibles idéales... Si tu es prêt, vas-y...», a-t-elle expliqué.

Outre cet entraînement militaire, Mme Katz a signalé que l'internet permet de coordonner les activités du Jihad, recruter des nouveaux adeptes et propager l'idéologie partout dans le monde. «Les nouvelles générations communiquent par internet et créent des cellules virtuelles», dit-elle. Selon Mme Katz, le but ultime du GIMF est de créer une nation islamique à la grandeur de la planète.

En ce qui concerne Namouh, à la fin de l'été 2007, il est tombé dans le filet d'une enquête internationale qui a démarré en Autriche, à la suite de menaces faites au gouvernement. En juillet, la GRC avait été alertée sur le fait qu'un internaute très actif dans la propagande islamiste se trouvait au Canada. Selon Mme Katz, Namouh faisait partie de la brigade de téléchargement et de diffusion du GIMF et agissait sous les ordres directs de l'autorité suprême, le Shura Council.

Le complice allégué de Namouh, Mohamed Mahmoud, était pour sa part membre du Shura Council. C'était lui d'ailleurs, le membre le plus actif du forum Khidemat, qui comptait 73 membres. Ce forum sert d'atelier virtuel aux brigades du GIMF, affirme Mme Katz, et il n'est pas accessible facilement aux internautes. Namouh utilisait le surnom d'Ashraf sur le Net.

Le procès se poursuit aujourd'hui avec la suite du témoignage de Mme Katz. Ce sera ensuite au tour de Me René Duval, qui représente l'accusé, d'interroger Mme Katz.