Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) veut éviter un effet d'entraînement de ces alertes très médiatisées.

À la tête de la division des communications du corps policier montréalais, l'inspecteur-chef Paul Chablo exhorte la population à ne pas se livrer à de mauvaises blagues de cette nature. «Il faut mobiliser excessivement de services - les policiers, les pompiers et les ambulanciers -, ce qui peut avoir pour effet de retarder de vraies urgences ailleurs sur le territoire», a-t-il expliqué.

Même si les alertes des derniers jours se sont avérées non fondées, le SPVM a le devoir de prendre la chose au sérieux, au grand dam de la population qui se retrouve prise en otage. «Si vous connaissez des gens qui font des fausses alertes à la bombe, vous pouvez les dénoncer anonymement sur notre ligne Info-Crime», a ajouté l'inspecteur-chef.

Ancien responsable de l'escouade antibombe de la police montréalaise durant les années du Front de libération du Québec (FLQ), Robert Côté a vécu son lot d'alertes au colis suspect.

En 14 ans, ce retraité et son équipe avaient pris part à environ 300 opérations pour de vraies bombes et engins incendiaires. Durant cette vague, qui s'est étirée entre 1962 et 1971, les alertes non fondées étaient aussi monnaie courante. «À une époque, lors des alertes à la bombe dans les écoles, on évacuait tout le monde et on coupait les cadenas», se souvient M. Côté, qui a ensuite été conseiller municipal.

Il dit avoir contribué à revoir la façon de faire des policiers lors de telles alertes, notamment en procédant d'abord à une inspection sommaire du colis suspect avant d'appuyer sur le bouton panique. «Lorsque des colis étaient trouvés à l'intérieur d'un immeuble, on demandait aussi aux employés de procéder aux fouilles de ces milieux qu'ils connaissaient bien», a ajouté l'ancien inspecteur-chef. Selon lui, la discrétion demeure la meilleure façon de contrer l'effet domino. «Les gros déploiements des derniers jours peuvent avoir un effet d'entraînement pour des gens qui seraient tentés de vouloir poursuivre le spectacle», a prévenu M. Côté.