Bertrand Charest est un farceur qui «déstabilise», qui peut être «baveux» aussi. Mais c'est fait sans méchanceté, selon Isabelle Charest, soeur de Bertrand Charest, qui témoigne ce lundi au procès de celui-ci, à Saint-Jérôme.

«Je pense qu'il veut nous amener à être capable de rire de nous-mêmes. On rit beaucoup autour de mon frère», a fait valoir Mme Charest, premier témoin appelé en défense. Il devrait y en avoir deux ou trois autres, d'ici mercredi, mais de toute évidence, l'accusé lui-même ne témoignera pas. Les plaidoiries devraient avoir lieu vendredi.

Lundi matin, Mme Charest a commencé par raconter qu'enfant, elle ne s'entendait pas du tout avec son frère, qui a neuf ans de plus qu'elle. Elle se souvient qu'elle faisait un mur avec des boîtes de céréales quand ils mangeaient. Il était très taquin, et elle était «soupe au lait», a-t-elle illustré. Les relations se sont améliorées plus tard. Mme Charest a fait du ski de haut niveau également. Son frère, lui, était entraîneur.

Au procès, plusieurs plaignantes ont parlé des commentaires déplaisants de M. Charest et du fait qu'il pouvait agir en despote avec elles. Mme Charest a raconté qu'elle-même avait eu un entraîneur autrement plus dur. Ce dernier, Mike Sutherland, «était là pour nous casser. Il faut être capable de tomber et se relever sans pleurer. Mike, je l'ai haï et adoré. Si ça ne faisait pas son affaire, il nous faisait faire des push-up», a-t-elle dit, avant de raconter qu'il l'avait déjà obligée à enlever ses skis et monter la montagne à pieds sept fois dans la même journée. «J'étais humiliée, mais je ne voulais pas lâcher. Il m'a cassée, mais ça me prenait ça pour aller où je voulais aller.» En bref, Mme Charest estime qu'un athlète doit apprendre à passer au travers des épreuves, et qu'il faut pousser ses limites.

M. Charest est jugé sous 57 accusations de nature sexuelle, à l'endroit de 12 skieuses adolescentes qu'il a entraînées dans les années 90. Mme Charest, pour sa part, n'a jamais rien remarqué de particulier à cet effet, et aucune skieuse ne s'est confiée à elle. Elle a toutefois témoigné disant qu'il était courant à l'époque que les entraîneurs frottent le dos et les fesses des skieuses pour les réchauffer sur les pentes, et activer leur sang. «Les moeurs ont changé, les coachs n'osent plus. Je ne sais pas si ça se fait encore», a-t-elle dit.

Mme Charest a côtoyé son frère dans le cadre de son travailleur d'entraîneur de ski en 1995. De septembre 1995 à janvier 1996, elle s'est occupée de l'académie de ski, qu'il avait fondée, à Saint-Jovite. Avant, elle a passé quatre ans aux États-Unis, et après, elle est allée travailler à Montréal. Elle n'a rien vu de déplacé, et estime que l'ambiance était très bonne. Le contre-interrogatoire de Mme Charest doit se tenir en après-midi.