Le présumé pédophile accusé la semaine dernière d'avoir loué le corps d'une fillette de 6 ans avec l'accord de sa mère a des antécédents dans ce domaine : il a payé, il y a quelques années, une enfant de 10 ans afin de pouvoir l'agresser.

« Il la trouvait jeune », mais elle « lui avait dit avoir commencé à avoir des relations sexuelles à 9 ans », aurait-il dit pour sa défense, selon la procureure de la Couronne qui l'a envoyé en prison.

Marc Clermont a aussi requis les services d'une jeune de 13 ans pour assouvir ses instincts criminels, selon l'enregistrement de l'audience lors de laquelle il a plaidé coupable, en 2010.

Les deux mineures ont été ciblées par Clermont après s'être inscrites sur un site de rencontres pour adultes, mais le pédophile connaissait leur âge au moment de passer à l'acte, a admis son avocat. Clermont a été condamné à trois ans de prison pour ses gestes.

Il risque à présent une sentence bien plus lourde : une mère de Longueuil « obtenait des compensations monétaires en offrant sa fille à Clermont, qui se livrait alors à des agressions sexuelles sur l'enfant », a expliqué la semaine dernière la police locale en annonçant l'arrestation de Clermont et de la mère. « Les faits reprochés se sont produits au cours des trois dernières années », entre le sixième et le dixième anniversaire de la fillette, continuait le communiqué.

POUR S'ACHETER UN CELLULAIRE

La fillette de 10 ans agressée en 2010 « dit qu'elle faisait ça pour l'argent, qu'elle voulait s'acheter un cellulaire et que c'est de cette façon-là qu'elle a pu obtenir un cellulaire », a rapporté la procureure de la Couronne Marie-Nathalie Tremblay lors de l'audience tenue au palais de justice de Saint-Jérôme en avril de cette année-là.

Me Tremblay a décrit les actes sexuels que Clermont posait sur la fillette, y compris l'utilisation d'objets. La procureure a dit que le pédophile offrait un montant supplémentaire à sa victime afin qu'elle accepte certains gestes.

« Ils se sont rencontrés à une dizaine de reprises. Elle dit que les rencontres duraient environ une quinzaine de minutes. »

- Me Marie-Nathalie Tremblay, procureure de la Couronne

« Ce que M. Clermont dit, c'est qu'évidemment il la trouvait jeune, mais que la jeune victime lui avait dit avoir commencé à avoir des relations sexuelles à 9 ans », a continué Me Tremblay.

C'est Clermont lui-même qui a avoué agresser cette mineure en échange d'argent après avoir été interrogé sur ses relations sexuelles avec une autre mineure, âgée quant à elle de 13 ans.

Dans ce dernier cas, Clermont va « chercher la jeune [victime] non loin de sa résidence », avant d'acheter « des faveurs sexuelles pour 140 $ », a relaté la procureure de la Couronne. Deux rencontres ont eu lieu. Ensuite, « la jeune femme a porté plainte après s'être confiée à une intervenante de son école ».

PAS « UN VRAI CRIMINEL », DIT SON AVOCAT

Dans les deux cas, l'avocat de Clermont, Me André Filion, a cru bon de donner sa propre description des victimes.

Dans le cas de la mineure de 13 ans, « c'est une jeune fille qui mesurait 5 pieds 6, qui pesait 140 livres », a commenté Me Filion à l'audience. « C'était pas clair qu'elle avait juste 13 ans », a alors résumé le juge Claude Melançon. « Elle se faisait traiter de grosse. Bon, elle avait peut-être 13 ans, mais physiquement, elle était quand même assez, vous savez... », a continué l'avocat, avant que la procureure de la Couronne souligne que la jeune femme avait rapporté avoir dévoilé son âge à Clermont. « Lorsque les relations ont eu lieu, monsieur connaissait l'âge de la personne », a finalement admis son avocat.

Dans le cas de la fillette de 10 ans, « c'est une personne qui est d'origine haïtienne, son père est Américain, sa mère est ici. Son père vit aux États-Unis. Suivant la preuve, c'est une jeune fille également qui, sans être en fugue, était à un moment donné, certaines... bon », a dit Me Filion sans s'étendre davantage.

Il a aussi plaidé que l'aveu de sa relation avec la victime de 10 ans devait être considéré dans l'imposition d'une peine.

« Ça dépeint une certaine naïveté ou non-criminalité de la part de monsieur. Vous savez comme moi que si c'était un vrai criminel, ces gens-là sont avares de déclarations aux policiers. »

- Me André Filion, avocat de Marc Clermont, en 2010

Marc Clermont a signé deux lettres où il montre « une certaine empathie envers les victimes » et « veut suivre une thérapie », a-t-il ajouté, avant que le juge ne recommande « fortement » que l'accusé puisse effectivement profiter d'une telle mesure.

Clermont « démontre des remords importants », a estimé le juge Melançon dans sa décision rendue de vive voix, avant de retenir l'âge des victimes comme facteur aggravant. « Ça n'enlève rien à votre culpabilité, mais je me demande sérieusement ce que ces jeunes-là faisaient sur un site de rencontre. »

Joint par La Presse, Me Filion a indiqué qu'il ne se souvenait plus de ce dossier.