Le procès de Richard Henry Bain, auteur présumé de l'attentat du 4 septembre 2012 au Metropolis le soir de l'élection de Pauline Marois, s'est officiellement ouvert lundi matin avec le début du choix du jury.

En fin de journée, sept personnes avaient été retenues, à savoir cinq femmes et deux hommes.

Alors qu'il était interviewé par La Presse Canadienne, le criminaliste Jean-Pierre Rancourt a spécifié que ce rythme de sélection lui apparaissait «normal» pour une cause aussi complexe et médiatisée.

Il a ajouté qu'il n'était pas simple de dénicher des jurés impartiaux pour se pencher sur une affaire ayant grandement marqué les esprits.

«C'est toujours difficile sauf qu'on l'a fait avec les Hells Angels, on l'a fait avec la mafia. On réussit - et les juges sont vraiment bons là-dedans -  à expliquer aux jurés qu'ils doivent mettre de côté tout ce qu'ils pensent, tout ce qu'ils ont vu et juger en fonction de la preuve», a-t-il souligné.

Plus de 400 citoyens avaient été convoqués au palais de justice de Montréal, où le juge Guy Cournoyer leur a expliqué les tenants et aboutissants de la tâche de juré.

Il leur a notamment rappelé qu'être juré est le rôle le plus important qu'un Canadien puisse jouer dans le système judiciaire et qu'un citoyen convoqué à ce titre avait l'obligation légale de s'y plier. D'ailleurs, une centaine de candidats convoqués ne s'étaient pas présentés à la Cour lundi matin et le juge Cournoyer a averti que les noms des candidats absents seraient soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales qui, le cas échéant, pourrait entamer des poursuites.

En contrepartie, il a expliqué que plusieurs provisions de la loi permettaient à un candidat d'être exempté, un droit dont plusieurs se sont prévalus en fonction des divers critères prévus à cet effet.

On a par ailleurs appris qu'une cinquantaine de témoins étaient attendus devant la Cour, dont la moitié environ sont des policiers. Le technicien de scène Dave Courage, atteint par balle le soir du crime, sera également convoqué comme témoin, de même qu'un psychiatre et la journaliste Trudie Mason, de CJAD, qui avait réalisé une entrevue téléphonique avec Richard Bain depuis l'infirmerie de la prison, deux semaines après l'événement.

En tout, le juge a averti les jurés de prévoir un procès de six à huit semaines.

Richard Bain est apparu très calme en Cour, où il a réitéré son plaidoyer de non-culpabilité aux six accusations qui pèsent contre lui, soit une de meurtre prémédité du technicien Denis Blanchette et trois de tentative de meurtre, dont une à l'endroit de Dave Courage, une à l'endroit d'un policier et la troisième à l'endroit d'une douzaine de personnes qui se trouvaient sur place.

Il est aussi accusé de possession de matériel incendiaire et d'incendie criminel.

À un certain moment, l'homme de 65 ans, qui a récemment subi une chirurgie, a mis un collet cervical alors qu'il était assis dans le box des accusés.

Cette chirurgie avait forcé un nouveau report du procès, qui devait débuter le 24 mai dernier.

En fait, il ne s'agissait que d'un écueil de plus dans cette cause maintes fois reportée, alors que le procès avait originalement été fixé au mois de septembre 2015, et ce, après une multiplication de procédures en cours de route attribuable, notamment, aux nombreux changements d'avocats pour représenter Richard Bain.