Ils se sont croisés sur la rue, et il l'a complimentée. Ils sont devenus amis Facebook, puis ont été amants. C'était au début de l'été 2011. Elle avait 18 ans, il en avait 30. Mais la jolie histoire s'est très vite transformée en cauchemar.

C'est ce qui se dégage du récit que Valérie* a livré, aujourd'hui, au procès de Walid Mustapha Chalhoub. L'homme de 33 ans fait face à 48 accusations ayant trait principalement à des agressions sexuelles, proxénétisme, et extorsion à l'endroit de neuf jeunes filles. Les faits reprochés se seraient produits entre le 28 juin 2011 et le 31 octobre 2013. L'homme demeurait sur la rue Tolhurst, à Ahuntsic, près d'une école. Plusieurs des victimes alléguées, dont l'âge varie entre 15 et 18 ans, se sont retrouvées chez lui pour faire la fête. «Il a profité de leur naïveté et de leur vulnérabilité», a fait valoir la procureure de la Couronne Rachelle Pitre, ce matin, alors qu'elle traçait un bref portrait de la cause devant le juge Serge Boisvert. Selon ce récit, les jeunes filles, qui se seraient fait promettre beaucoup d'argent, auraient été contraintes de signer des «contrats» et se livrer à de la prostitution, de la fraude et de la vente de drogue. 

Le 22 août 2013, un père de famille a appelé la police en pleine nuit, pour se plaindre qu'une rançon de 3800$ lui était demandée pour revoir sa fille de 17 ans. La jeune fille a été retrouvée saine et sauve, mais l'enquête allait démontrer que c'est un dénommé Chalhoub qui avait pasé l'appel au père. 

Le ministère public compte faire entendre 14 témoins pendant ce procès qui doit durer trois semaines. Le premier témoin, Valérie, maintenant âgée de 23 ans, a raconté qu'elle avait accepté de sortir avec  Chalhoub à l'été 2011. Mais il était vite devenu jaloux et contrôlant. À un certain moment, il a menacé de transmettre à ses parents la vidéo de leurs ébats sexuels. 

Valérie affirme qu'elle ignorait qu'un tel film existait. Chalhoub exigeait de l'argent et des services sexuels pour remettre l'enregistrement. Il a aussi fait signer deux contrats à la jeune femme, pour prétendre qu'elle avait toujours été consentante à tout et s'assurer de son silence. Valérie poursuit son témoignage.

*Prénom fictif