L'ex-hockeyeur Guy Lafleur et son propre avocat seraient responsables de la grande médiatisation de son arrestation en 2008, une situation dont il se plaint dans le cadre de sa poursuite au civil, plaide l'avocat de la Ville de Montréal et de la policière poursuivie.

Pierre-Yves Boisvert tente de démontrer que les dommages que M. Lafleur dit avoir subis ne sont pas si importants qu'il le prétend.

Pour ce faire, il a déposé en cour vendredi un article de journal qui rapporte une conversation entre M. Lafleur et un journaliste: elle aurait eu lieu le jour où le mandat d'arrestation contre lui a été émis, la veille de son arrestation au poste de police. L'ancien joueur étoile du Canadien nie avoir parlé à un journaliste durant cette période.

«Impossible, a dit M. Lafleur. Je n'étais pas dans un état de parler aux journalistes.»

Me Boisvert a aussi fait entendre des entrevues accordées par Jean-Pierre Rancourt, l'avocat de Guy Lafleur à ce moment.

M. Lafleur dit ne pas avoir interdit à Me Rancourt de parler aux journalistes, mais qu'il ne lui a pas demandé de s'abstenir.

Il soutient que si une citation à comparaître avait été émise contre lui - comme il est habituel dans pareil cas - plutôt qu'un mandat d'arrestation, cela lui aurait évité des reportages titrés «Guy Lafleur recherché», ce qui a laissé croire qu'il cherchait à fuir la justice. Il juge que le mandat d'arrestation contre lui était abusif, surtout que son adresse était connue et qu'il n'y avait pas de risque qu'il s'enfuie.

Guy Lafleur a par contre reconnu qu'il n'y avait aucun journaliste présent le jour de son arrestation au poste de police, et que tout s'est déroulé de façon polie et courtoise.

L'ancien joueur vedette a été arrêté et accusé en 2008 pour avoir supposément offert des témoignages contradictoires dans le dossier criminel de son fils, accusé notamment d'agression sexuelle, afin que celui-ci puisse être remis en liberté.

Il poursuit maintenant le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) et le procureur général du Québec en dommages pour 2,16 millions $, notamment pour atteinte à sa réputation.

L'homme de 63 ans allègue que la police a bâclé l'enquête criminelle à son sujet. Il ajoute que la Couronne a voulu l'intimider et a commis un abus de pouvoir en déposant des accusations sans fondement contre lui.

Condamné en Cour supérieure, Guy Lafleur a toutefois été blanchi par la Cour d'appel en 2010.

Il réclame des dommages pour stress, angoisse, atteinte à sa réputation, pertes d'occasions d'affaires et de contrats et enfin, des dommages punitifs.

Me Boisvert a poursuivi vendredi son contre-interrogatoire de Guy Lafleur pour démontrer que les frasques et les déboires au criminel de son fils Mark sont bien plus responsables de son angoisse et celle de son épouse que la poursuite criminelle intentée contre l'ex-hockeyeur.

Pour ce faire, il a fait détailler à Guy Lafleur toutes les fois où son fils Mark a été arrêté, le fait qu'il consommait de l'alcool et des drogues dures, ayant même fait une surdose, et qu'il avait une relation tumultueuse avec la fille qu'il fréquentait. Il a relaté que les parents de cette fille ont défoncé une nuit la porte d'entrée de son fils, l'ont menacé avec un bâton de baseball et ont crevé les quatre pneus de sa voiture.

Jeudi, M. Lafleur avait aussi reconnu que l'organisation du Canadien de Montréal l'a soutenu tout au long de ses procédures criminelles et ne l'a pas mis de côté.

«Le Canadien a toujours été derrière moi», a-t-il dit.

Me Boisvert a souligné que le Canadien est très soucieux de son image, laissant entendre que l'atteinte à la réputation alléguée par M. Lafleur n'est vraisemblablement pas si importante que cela.

Vendredi après-midi, le juge André Wery de la Cour supérieure a mis fin prématurément à la journée de procès. Lassé des objections répétées et de la façon de procéder des avocats, il leur a conseillé d'aller se reposer.

Le procès va reprendre lundi en après-midi. Il doit durer encore deux semaines.