C'est motivé par la vengeance que Bianca Rojas-Latraverse a participé à l'agression et au vol dont a été victime son ancien ami de coeur, le joueur de poker Jonathan Duhamel, le 21 décembre 2011, selon les rapports d'experts dévoilés mardi lors des représentations, au palais de justice de Longueuil.

«Tous s'accordent pour dire que le mobile est la vengeance», a indiqué la procureure de la Couronne, Me Nancy Delorme, demandant une condamnation de 48 mois pour l'accusée.

De son côté, la défense a demandé une peine comparable au temps que la détenue a déjà purgée en prison, soit 16 mois et 9 jours. Demande fondée sur le fait que Bianca Rojas-Latraverse se dit prête à faire des «excuses» aux personnes qu'elle a blessées.

«Mon geste était quelque chose d'irréfléchi et méchant, a-t-elle dit dans le box des accusés. Oui, mes excuses sont sincères», a-t-elle poursuivi la voix étranglée par l'émotion.

Selon son avocate, Me Sarah Desabrais, elle aurait démontré un réel intérêt à réintégrer le droit chemin. Elle aurait d'ailleurs mentionné vouloir s'inscrit à des cours en formation professionnelle. «J'aimerais aller vivre chez moi, chez ma mère, avec des ressources pour m'aider», a dit l'accusée.

Bianca Rojas-Latraverse a souligné avoir l'intention d'aller vers les jeunes délinquants pour les aider. Comment? En leur offrant son histoire en guise d'exemple. «L'étiquette de ce que j'ai fait va être collée sur mon front, dit-elle. J'avais de très mauvaises fréquentations. J'aimerais faire des témoignages auprès de jeunes délinquantes», a-t-elle poursuivi.

Un passage en prison difficile

De son côté, la Couronne a fait valoir que le «crime a été planifié et organisé» et qu'elle était la seule qui connaissait la victime. «Jamais elle n'a témoigné de sa stupéfaction», rappelle la procureure.

Agente de probation, Audrey Sauvageau a dressé un portrait sombre de l'accusée. Dans son rapport, elle décrit Bianca Rojas-Latraverse comme une fille «superficielle, immature et peu sérieuse.»

Elle a également dit avoir eu connaissance que l'accusée avait beaucoup de «poids dans le secteur» où elle est incarcérée. «Elle accumule les manquements disciplinaires. Elle aurait une plainte contre elle d'une autre détenue», a évoqué Audrey Sauvageau, tout en précisant que le processus fait l'objet d'une enquête.

Concernant les risques de récidive, l'agente a mentionné qu'elle «ne pouvait pas l'écarter».

Une opinion loin d'être partagée par l'avocate de Bianca Rojas-Latraverse, qui a plaidé pour une «criminalité ponctuelle» pour expliquer le geste de sa cliente. «Ma clientèle a des démarches réalistes pour sa réinsertion», a-t-elle fait valoir.

La femme de 21 ans devra revenir devant le tribunal le 6 juin pour connaître sa peine. Les deux autres complices accusés d'avoir participé au vol et à l'agression, Anthony Bourque et John Clark-Lemay, sont en attente de leur procès. Andres Valderrame, le chauffeur dans l'histoire, a, quant à lui, plaidé coupable.