La petite communauté La Loche de la Saskatchewan pleurait samedi deux frères et deux enseignants après la fusillade perpétrée la veille par un élève dans une école et une proche résidence.

Deux frères ont été tués à leur domicile puis deux jeunes enseignants stagiaires ont ensuite été abattus vendredi non loin de là dans l'enceinte du complexe scolaire de Dene à La Loche, une bourgade à 800 km au nord de Regina, capitale de la province de la Saskatchewan dans les plaines du centre du Canada, selon différentes sources.

La police n'avait pas donné l'identité des quatre victimes samedi à la mi-journée, se bornant à mentionner quatre morts et plusieurs blessés.

Vendredi vers 13 h (14 h, heure de l'Est), un élève a tiré des coups de feu avant d'être interpellé trois quarts d'heure plus tard à l'extérieur de l'école, a indiqué Maureen Lévy, commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) de la province de la Saskatchewan.

Cette responsable avait indiqué que deux scènes de crimes faisaient l'objet de l'enquête, dont une maison proche de l'école. Le suspect était toujours interrogé samedi par la GRC.

Adam Wood, jeune enseignant, est une des victimes, a indiqué sa famille dans un communiqué.

« Adam avait commencé sa carrière d'enseignant à La Loche en septembre dernier », a indiqué sa famille originaire de l'Ontario. C'était « un aventurier qui avait la passion de la vie [...] et vivait dans la joie chaque jour de la vie ».

Marie Janvier, 23 ans était une de ses collègues. Sa famille proche a publié des messages sur Facebook.

« Mon coeur est brisé, personne ne mérite cela et surtout pas toi Marie », a écrit son cousin Patrick Wagenaar. « Ma cousine Marie est parmi les tués à La Loche. Elle était charmante, une gentille jeune fille et je l'aimais tant », selon une de ses proches.

« Elle était si heureuse, si souriante », a déclaré sa cousine, élève dans le même établissement, en larmes au réseau CBC.

Un écolier de 13 ans a raconté au Toronto Star qu'il avait vu pendant le cours de mathématiques son enseignant atteint dans le dos par balles. D'abord en entendant des coups de feu « j'ai pris peur » et l'enseignant aurait dit aux élèves de se mettre contre le mur. C'est à ce moment là qu'il a été touché, a indiqué l'adolescent.

Dans la soirée, une centaine de personnes ont tenu une veillée de prières en mémoire des victimes et la police poursuivait samedi matin son enquête, à la fois à l'école et dans une résidence non loin de là.

« Le pire cauchemar »

Le premier ministre Justin Trudeau depuis Davos où il participait au Forum économique mondial, a exprimé sa peine en se déclarant « profondément attristé et bouleversé ».

Une fusillade dans une école « c'est le pire cauchemar de tous les parents », a-t-il ajouté.

Un autre élève a raconté qu'un des leurs avait ouvert le feu avec une carabine dans l'enceinte de l'école de la collectivité amérindienne.

« J'ai couru à l'extérieur de l'école. Il y avait beaucoup de cris, il y a eu six ou sept coups de feu », a déclaré Noël Desjarlais. Cet élève de seconde pense qu'un de ses copains est parmi les victimes. « Je l'ai vu tomber au moment où j'ai commencé à courir. Je ne voulais pas regarder derrière moi », a-t-il expliqué à la télévision.

Le maire de La Loche, Kevin Janvier, a confié à CTV News que le tueur présumé « était un jeune de moins de 21 ans », élève du lycée.

Située dans la forêt boréale, La Loche est particulièrement isolée et les autorités ont dû acheminer des renforts policiers et dépêcher un hélicoptère médicalisé. Au moins deux blessés graves ont été héliportés à l'hôpital de Saskatoon, à 600 km au Sud.

Depuis Melbourne où il venait de gagner son match à l'open d'Australie, la voix brisée par l'émotion, Milos Raonic a dédié sa victoire aux victimes.

« Je voudrais adresser mes pensées à cette collectivité, les familles, les élèves et l'école. Ma victoire est pour cette collectivité », a déclaré au micro du stade le numéro 1 du tennis canadien devant des spectateurs interloqués, qui visiblement n'étaient pas informés du drame.

Les 3000 habitants de La Loche sont en grande majorité des autochtones du peuple Chipewyans qui vivent à la lisière de l'Arctique.

PHOTO PC/FOURNIE PAR LA FAMILLE

Adam Wood