Quelques heures après le meurtre d'un client innocent, Angelo D'Onofrio, au café Hillside à Montréal le 2 juin 2016, la police a rencontré le mafioso Antonio Vanelli pour l'aviser que le meurtrier s'était trompé de cible et qu'il était la personne visée.

C'est ce qu'un enquêteur de la Division des Crimes majeurs du SPVM, le sergent détective Ian Riddle, a raconté ce matin au procès devant jury de Jeff Joubens Theus, 27 ans, accusé du meurtre de M. D'Onofrio.

Plus tôt durant le procès, la poursuite et la défense se sont entendues pour déposer un document écrit dans lequel Antonio Vanelli a dit être allé au bar Hillside le 2 juin 2016, que son VUS Range Rover était toujours garé près de l'établissement au moment du crime mais que lui n'y était plus présent car il se trouvait dans un salon funéraire.

Un enquêteur du SPVM, Francis Derome, a lui aussi fait une admission écrite dans laquelle il a indiqué que M. Vanelli était lié au crime organisé traditionnel italien, qu'il se trouvait dans un salon funéraire où était exposé le corps d'un autre membre de la mafia au moment de l'attentat au café Hillside et qu'un climat de tension régnait à cette époque au sein de la mafia montréalaise.

Vanelli nerveux

Le sergent détective Riddle a raconté ce matin que vers minuit le 2 juin 2016, l'enquêteur principal lui a demandé à lui et à son collègue, Denis Hogg, de rencontrer Antonio Vanelli chez lui, pour qu'il confirme que c'est bien son Range Rover qui était garé près du café et pour l'aviser qu'il était la cible du meurtrier.

Les deux enquêteurs se sont présentés vers 0h50 le 3 juin chez Vanelli mais personne ne se trouvait à la maison.

«Nous avons décidé d'attendre devant la maison. Puis nous avons vu un VUS arriver, en sens inverse, sur les hautes (phares de route). Nous avions une vieille Caravan et nous portions des jeans en raison des moyens de pression. J'ai décidé de sortir tout de suite de notre véhicule pour montrer que nous étions policiers», a décrit l'enquêteur Riddle.

«M. Vanelli est sorti du VUS. Il était avec deux ou trois autres individus. Au début le climat était très tendu mais lorsque nous nous sommes identifiés en tant que policiers, la tension a baissé. La conversation s'est déroulée devant chez lui et a duré au maximum trois ou quatre minutes», a ajouté le témoin, sans toutefois donner de détails sur le contenu de la conversation.

Le juge Daniel Royer de la Cour supérieure a ensuite prévenu le jury que les paroles du témoin ne constituaient pas une preuve que M. Vanelli était bel et bien la personne visée par le meurtrier.

La poursuite, assurée par Me Éric de Champlain et Me Katerine Brabant, a terminé sa preuve ce matin.

Les avocates de l'accusé, Me Élizabeth Ménard et Me Audrey-Bianca Chabauty, annonceront lundi matin si elles auront une défense à présenter.



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