Terek Ibrahim, cet homme tué vers 11h15 ce matin à Brossard, était propriétaire d'une firme de sécurité et d'enquête depuis plusieurs années, a appris La Presse. La firme, appelée Gardes du corps T-Rex, compte entre 10 et 25 portiers, agents de sécurité et enquêteurs privés et est toujours immatriculée au Registre des entreprises.

Une vérification au registre du Bureau de la sécurité privé indique qu'un individu du nom de Terek Ibrahim a obtenu un permis d'agence de sécurité en décembre 2013 et que ce dernier est valide jusqu'en décembre 2018.

Pourtant Terek Ibrahim, 41 ans, assassiné ce matin à Brossard avait été condamné à 26 mois de pénitencier pour des affaires distinctes d'assaut et de séquestration et d'enlèvement commises respectivement en 2012 et 2013.

D'ailleurs, en se penchant sur son dossier, les commissaires aux libérations conditionnelles se sont dits étonnés qu'un individu comme lui, qui travaillait dans ce milieu depuis longtemps, se soit retrouvé dans une telle situation.

Yeux bandés et chevilles entravées

Selon une décision des commissaires aux libérations conditionnelles, Ibrahim et un autre complice ont forcé un homme dans la quarantaine à rembourser une dette de 15 000$ à un taux d'intérêt de 5% par semaine. Le but était semble-t-il de mettre la main sur la maison de leur victime. Mais un jour, celle-ci a été incapable de rembourser et a été amenée les yeux bandés dans un garage, où elle a été menacée.

Une seconde fois, l'homme a été amené pieds liés dans un endroit où il a passé toute une nuit. Après avoir été contraint d'aller chez le notaire pour mettre sa maison en garantie et obtenir de la liquidité, il a prévenu la police qui a arrêté Ibrahim et son complice alors qu'ils avaient fixé un rendez-vous à leur victime. Les événements s'étaient échelonnés sur une période d'au moins six mois. Après l'arrestation d'Ibrahim, la police de Longueuil qui enquêtait sur l'affaire avait publié un communiqué et diffusé sa photo pour tenter de trouver d'autres victimes potentielles.

En octobre 2012, Ibrahim avait par ailleurs frappé un voisin à qui il avait pris la place de stationnement et qui s'était vengé en retirant l'air dans les pneus de sa voiture.

Libéré depuis peu

Ibrahim s'est présenté une première fois devant les commissaires pour obtenir sa libération conditionnelle en juillet 2014, mais celle-ci lui a été refusée. Les commissaires s'inquiétaient notamment que la victime de la séquestration et Ibrahim habitaient dans le même secteur. Ibrahim a été libéré d'office en mars dernier, mais on lui a imposé de sévères conditions. Sa sentence a pris fin il y a moins d'une semaine.

Selon nos informations, Ibrahim a été abattu d'une demi-douzaine de coups de feu alors qu'il se trouvait dans sa voiture devant sa résidence de la rue Beaujolais, dans un secteur paisible typique de Brossard.

Ce sont les enquêteurs des Crimes majeurs de la police de Longueuil qui ont amorcé l'enquête, mais ils ont transféré le dossier à leurs collègues des Crimes contre la personne de la Sûreté du Québec en milieu d'après-midi, ce qui signifie que le meurtre pourrait être lié au crime organisé. 

Il s'agit du 3e meurtre commis sur le territoire du Service de police de l'agglomération de Longueuil depuis le début de l'année. Le 2 juillet, Michel Dubuc avait tué ses deux fils à Boucherville avant d'assassiner son ancien avocat, Me Benoit Côté et une notaire enceinte, Marie-Josée Sills, à Terrebonne. Dans ce dossier également, c'est la Sûreté du Québec qui a repris l'enquête.

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Terek Ibrahim