Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) termine l’année 2022 dans le rouge de près de 50 millions, surtout en raison de l’explosion du nombre d’heures supplémentaires, qui ont coûté deux fois plus cher que prévu, tandis que les délais de réponse sont en augmentation.

Plus de 61 millions en heures supplémentaires ont été payés aux policiers au cours de la dernière année, alors que le montant anticipé pour cette dépense était de 28 millions, révèlent les documents financiers dévoilés mardi à la suite de la présentation du budget municipal.

Le budget du SPVM avait été établi à 727,5 millions pour 2022. On prévoit maintenant des dépenses réelles de 776 millions d’ici la fin de l’année. Pour 2023, l’administration municipale a prévu un budget de 787,1 millions.

La sécurité publique est la plus importante dépense de la Ville de Montréal. Depuis quelques années, la police connaît des dépassements de coûts récurrents de plusieurs millions de dollars.

En 2021, les heures supplémentaires payées atteignaient 60,6 millions. Le SPVM attribuait alors cette situation à la pandémie, à la flambée de violence par armes à feu et aux séries éliminatoires de hockey.

Au cours des quatre années précédentes, les heures supplémentaires variaient entre 37,4 millions et 42,4 millions.

Pendant que les heures supplémentaires se multiplient, les délais de réponse sont en hausse constante depuis 2016, atteignant 6 minutes 11 secondes. Il y a six ans, les policiers mettaient 5 minutes 35 secondes pour répondre à un appel d’urgence.

Le bilan du SPVM fait aussi état d’une baisse de la proportion de recrues faisant partie des groupes minoritaires, même si le corps policier dit faire des efforts pour être plus représentatif de la diversité montréalaise.

La chef intérimaire du SPVM, Sophie Roy, présentera le budget de son service à la Commission sur les finances et l’administration le 6 décembre prochain. En attendant cette présentation, le service de police n’a pas voulu commenter ces résultats.

123 policiers de plus

L’administration de Valérie Plante a souligné que les 787,1 millions prévus en 2023 pour payer les services de police représentaient une augmentation de 63,2 millions comparativement au budget prévu pour 2022.

Elle assure que cette majoration permettra au SPVM d’embaucher 123 policiers supplémentaires au cours de l’année à venir.

La majeure partie de cette somme, soit 45 millions, proviendra du gouvernement du Québec, qui a accordé à Montréal il y a quelques mois 250 millions sur cinq ans pour lutter contre la violence armée, notamment en ajoutant 270 postes de policier.

En 2021 et au début de 2022, Montréal a connu de nombreux épisodes de violence armée, ce qui a incité Québec à intervenir. Les incidents sont cependant plus rares depuis quelques mois.

« La sécurité publique est une priorité de notre administration, et le budget de fonctionnement est aligné avec notre modèle montréalais qui continue de se peaufiner et de se construire », a souligné la mairesse en conférence de presse, notant que la Ville allait aussi ajouter 10 millions pour l’Équipe mobile de médiation en intervention sociale (EMMIS), 5 millions pour la prévention, 1,7 million pour le programme Par et pour les jeunes et 1,3 million pour la sécurisation des écoles.

L’Équipe de surveillance des délinquants sexuels se bonifiera avec l’ajout de sept ressources, en raison des « besoins grandissants » dans ce domaine, indique le budget. Les travaux se poursuivront aussi en vue de la modernisation du système d’appels 911, qui coûtera 151,4 millions sur 10 ans.

La Ville vise à atteindre des effectifs de 4793 policiers d’ici 2025, mais au cours de la dernière année, le processus de recrutement a connu quelques difficultés, en raison de la rareté de la main-d’œuvre.

Retard pour les caméras corporelles

Pour l’implantation des caméras corporelles sur les uniformes des policiers, promises pour 2022, puis pour 2023, la Ville a prévu un budget de 16,5 millions sur 10 ans, mais seulement 775 000 $ pour la prochaine année.

« On attend le signal de Québec », a expliqué la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, en conférence de presse après le dépôt du budget. En effet, le ministère de la Sécurité publique envisage de déployer ces caméras dans toute la province, et Montréal ne veut pas aller de l’avant en choisissant une technologie qui serait différente du reste du Québec, a-t-elle dit.

Montréal ne privilégie pas un système de caméras utilisant les téléphones cellulaires, qui a été jugé inefficace.