Deux anciens membres du comité d’experts du REM de l’Est sonnent l’alarme : Québec et Montréal devront préserver la connexion avec le centre-ville pour en faire un réseau « efficace ». À quelques jours du déclenchement de la campagne électorale, ils proposent un parcours « revu et amélioré » pour l’est de la métropole.

« Après toutes ces réunions à débattre, se retrouver avec ce projet nous apparaissait insuffisant. Ce qui est sur la table actuellement a de grandes limites », a expliqué le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard, lors d’une réunion technique jeudi.

L’autre ancien expert du comité de CDPQ Infra, le président de la Société de développement Angus Christian Yaccarini, dit aussi avoir « senti le besoin de faire une nouvelle proposition ». « On veut un élargissement du mandat du comité pour intégrer une connexion au centre-ville. Il faut dire aux partis politiques : vous devez élargir le mandat du groupe, pour faire une connexion avec le cœur de la métropole », a-t-il dit.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Christian Savard, directeur général de Vivre en ville, et Christian Yaccarini

Concrètement, la nouvelle proposition des deux experts suggère plusieurs modifications aux trois branches du train léger. D’abord, la branche Est – toujours en aérien – aurait le même parcours que celui du projet de CDPQ Infra, sauf qu’elle remonterait « au nord pour se connecter à la ligne verte à la station Assomption ». Elle continuerait ensuite vers une « branche commune » qui aurait comme « point de jonction » l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, avec une possibilité de prolongement vers Lanaudière.

Sur la branche nord, MM. Savard et Yaccarini proposent de reprendre le parcours actuel, mais de le faire « bifurquer » vers cette même « branche commune », avec un éventuel prolongement vers Rivière-des-Prairies. Le tout serait en souterrain.

  • Extrait de la présentation technique faite jeudi devant les médias

    IMAGE FOURNIE PAR VIVRE EN VILLE

    Extrait de la présentation technique faite jeudi devant les médias

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Les branches nord et est se rejoindraient donc à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, un lieu « stratégique » parce qu’il est situé entre les lignes bleue et verte, pour ensuite « continuer vers l’ouest dans Rosemont et le Plateau ». Cette branche commune, en souterrain, se dirigerait ensuite « au sud vers le centre-ville en se connectant à la ligne orange à la station Sherbrooke et à la ligne verte à la station Saint-Laurent », pour ensuite rallier la gare Centrale. Ultimement, leur proposition inclurait six nouveaux points de correspondance sur le futur REM de l’Est : l’éventuelle station Lacordaire, les stations Assomption, Sherbrooke, Saint-Laurent, ainsi que la gare Centrale et l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Toutes les possibilités « augmentées »

« Avec notre proposition, on vient faire en sorte que les gens de l’Est peuvent avoir accès à un seul transfert à [toute l’île] beaucoup plus facilement, ce qui augmente les possibilités de façon exponentielle », a dit M. Savard. D’après lui, revoir le tracé permettrait aussi « une meilleure desserte » de plusieurs quartiers, dont Montréal-Nord, « le parent pauvre du transport collectif ».

Les deux experts ne le cachent toutefois pas : leur proposition augmentera forcément les coûts du REM de l’Est, qui est aujourd’hui évalué à 10 milliards. « Est-ce que ça va coûter plus que 10 milliards ? Fort probablement. Par contre, c’est le genre d’investissement qu’il faut pour que le transport collectif soit au niveau à Montréal. Si ça nous coûte cher maintenant, c’est parce qu’on n’a rien fait pendant 40, 50 ans. On a un grand rattrapage à faire », a dit M. Savard.

« Quand on veut, on peut. Et on n’a pas le choix, il le faut. Il y a une volonté politique réelle de Québec et Montréal de faire un projet. Si le gouvernement est prêt à payer pour [étendre] le REM l’autre bord de la rivière, à Lanaudière, on doit relier avec le cœur du réseau. C’est un non-sens de prendre les gens de Terrebonne et de les envoyer n’importe où sans connexions », a ajouté M. Yaccarini.

À la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, le PDG Jean-Denis Charest a jugé jeudi cette nouvelle proposition « crédible ». « Elle présente plusieurs avantages importants. Nous invitons le gouvernement à modifier le mandat du comité afin qu’il puisse inclure l’analyse du déploiement d’un lien direct au centre-ville à l’image du tracé exposé [jeudi] matin », a dit M. Charest.

Montréal et Québec trancheront

La proposition des experts a été transmise à Québec et Montréal, qui ont annoncé en mai reprendre le flambeau du REM de l’Est. CDPQ Infra a été évincé du projet. Abandon du tracé du centre-ville, nouvelle connexion avec la ligne verte, prolongements potentiels vers Laval et Lanaudière : le REM de l’Est avait alors complètement changé de direction. Depuis, le nouveau comité chargé du projet – composé de la STM, de l’ARTM, du ministère des Transports et de la Ville de Montréal – se réunit régulièrement. MM. Savard et Yaccarini affirment sentir « de l’ouverture » de ce comité à revoir le projet. Au cabinet de la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, on dit prendre acte de la nouvelle proposition, que Québec n’a toutefois « pas vue dans ses détails ». « Le REM de l’Est demeure une priorité majeure pour nous. Nous [avons bon espoir qu’]une proposition [saura répondre] au mandat octroyé, dès la fin de cet automne », affirme l’attachée de presse, Catherine Boucher. « Notre administration est ouverte à toutes les idées pour améliorer le transport collectif pour les citoyens de l’est de Montréal, qui attendent depuis trop longtemps des solutions structurantes », déclare Alicia Dufour, attachée de presse au cabinet de la mairesse Valérie Plante.