L’achalandage dans les transports en commun tarde à retrouver ses niveaux prépandémiques

Le prix de l’essence qui s’envole n’y change rien. L’affluence dans les transports en commun est encore loin de ce qu’elle était avant la pandémie. Dans la métropole, la Société de transport de Montréal (STM) dit en être grosso modo à 60 % de la fréquentation prépandémique.

À la Société de transport de Laval, Nathalie Vaillancourt, conseillère en communications et marketing, parle, elle, de « stagnation ». « Bien que la reprise soit bien enclenchée dans toutes les industries de la province, dans les transports collectifs, notamment à Laval, nous remarquons que le niveau d’achalandage demeure dorénavant autour de 70 à 72 % comparativement à la même période avant la pandémie. »

Le télétravail n’est pas seul en cause. « Mon conjoint trouve que notre bébé de 4 mois est encore trop fragile pour être dans les transports en commun, explique Mélissa Bédard. Alors je marche pour faire mes courses dans le quartier. Si j’ai besoin d’aller plus loin, j’attends qu’il rentre avec la voiture. »

Nathalie Gallant aussi en a marché un coup, pendant la pandémie, alors qu’elle habitait au centre-ville. Ses poumons étant très vulnérables, elle refusait alors de prendre les transports en commun. Aujourd’hui résidante de Lachine, elle n’a pas le choix de reprendre bus et métro, mais, échaudée par ses deux grosses COVID, elle limite ses sorties.

Dans le métro, il n’y a vraiment pas grand-monde. Mais le 496 est tout le temps plein, et je dois souvent laisser passer des autobus avant de monter… et rester debout tout le temps du trajet. Il faudrait vraiment plus d’autobus sur ce trajet !

Nathalie Gallant, résidante de Lachine

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Des habitudes difficiles à changer

Le prix de l’essence ne change pas trop la donne pour l’instant quant aux transports en commun. « Il demeure difficile de modifier les habitudes de déplacement d’une personne ayant déjà accès à une voiture, bien qu’une hausse importante spontanée du prix de l’essence peut encourager davantage l’utilisation du transport en commun, fait observer Philippe Déry, conseiller en relations publiques à la STM. La hausse doit être de longue durée pour que des effets se ressentent dans le transfert modal. »

Au Réseau de transport de Longueuil (RTL) en avril de cette année, on en était à 54 % de la fréquentation enregistrée en avril 2019.

Mais en septembre, à moins d’une vague importante, le RTL prévoit une rentrée avec une fréquentation à 85 % de ce qu’elle était avant la COVID-19.

Et l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM), les travaux au tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine – sources de bouchons monstres sur les autres ponts – et le développement d’entreprises dans l’agglomération pourraient à l’automne mettre « une pression sur la demande de transport collectif », prédit Marie-Claude Rivet, chargée des relations de presse et des affaires gouvernementales au RTL.

« Mais notre offre de service risque d’être passablement limitée par les contraintes budgétaires anticipées, dues à la baisse des revenus. »

Pester entre deux travaux routiers

Ceux qui viennent de la Rive-Sud en voiture n’ont pas fini de pester. Avec les travaux au tunnel, le nombre de véhicules sur le pont Jacques-Cartier est presque revenu aux niveaux prépandémiques (2 489 000 véhicules en avril 2022) et sur Samuel-De Champlain, les chiffres explosent avec un débit journalier moyen de 142 495 (contre 84 924 en mai 2020).

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La piste de vélo et le trottoir sur le pont Jacques-Cartier gagnent en popularité : 32 400 passages ont été enregistrés en avril malgré une météo moche ce mois-là, selon les Ponts Jacques Cartier et Champlain, société d’État fédérale responsable notamment des deux ponts.

Le plus gros argument de vente des transports en commun demeure la circulation. Lise Rhéaume, qui habite dans l’ouest de Montréal et qui déteste les bouchons, ne va jamais, au grand jamais, au centre-ville en voiture. « L’autobus passe devant chez moi ! »

Difficile de trouver plus partisane des transports en commun que Florence Junca-Adenot, aujourd’hui professeure en études urbaines et touristiques à l’Université du Québec à Montréal et qui a été présidente-directrice générale et fondatrice de l’Agence métropolitaine de transport.

Elle salue la mise en place de navettes fluviales déjà en service, des transports à la demande comme ce minibus électrique gratuit à Boucherville qui fait le tour des services de la ville. Vive les réseaux de vélo qui se développent, aussi. Il faut aménager le territoire intelligemment, se souvenir également, dit-elle, que les cyclistes en déplacement ne parcourent pas 20 kilomètres, mais deux ou trois. Il faut donc que les différents modes de transport soient bien intégrés.

Mme Junca-Adenot entend bien prendre la navette fluviale qui part de Boucherville. « Je vais la prendre pour aller à l’UQAM. »

Elle passe toutes les 45 minutes, elle coûte 5,50 $ par direction.

Panorama inclus vers le Vieux-Port !

En savoir plus
  • 32 %
    Niveau des déplacements vers le centre-ville de Montréal au Réseau de transport de Longueuil par rapport à avril 2019
    SOURCE : Réseau de transport de LongueuiL
  • 60 %
    Niveau des déplacements à Longueuil même par rapport à avril 2019
    Source : Réseau de transport de Longueuil