La coopérative Tricentris continuera de s’occuper de la gestion des matières recyclables à Laval, après l’annulation de l’appel d’offres auquel avait participé l’entreprise Ricova, qui envisage des recours judiciaires contre l’administration.

Il s’agit d’une nouvelle étape dans une saga qui dure depuis plusieurs mois.

La Ville de Laval est devenue membre de la coopérative de solidarité Tricentris, a-t-elle annoncé lundi, ce qui lui a permis de conclure une nouvelle entente de gré à gré pour la gestion de ses matières recyclables, à un coût de 1,8 million pour trois ans.

Pourtant, la Ville avait lancé en novembre 2021 un appel d’offres pour obtenir ces services. Ricova avait déposé une soumission pour 2,1 millions, tandis que Tricentris avait proposé de s’en charger pour un prix de 2,4 millions, selon le système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec.

Coopérative de solidarité

Mais entre-temps, le 15 mars, Tricentris a été désignée comme organisme assujetti à la Loi sur les cités et villes par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, indique la Ville de Laval. Le ministère de l’Économie et de l’Innovation a aussi donné son accord à ce que Tricentris poursuive ses activités comme coopérative de solidarité.

« Compte tenu de ces nouveaux développements, il est dorénavant possible pour une municipalité de conclure une entente de gré à gré avec Tricentris, coopérative de solidarité », explique l’administration, dans le communiqué qui annonce l’entente.

La Ville se félicite aussi d’obtenir, en tant que membre, un siège au conseil d’administration de la coopérative ainsi que des services en lien avec l’information, la sensibilisation et l’éducation.

C’est pourquoi l’appel d’offres précédemment lancé a été annulé.

Recours judiciaires

Mais Ricova ne l’entend pas de cette oreille. « Pour le moment, nous analysons les options de recours légal », a fait savoir l’équipe des communications de l’entreprise, dans une réponse envoyée par courriel. En tant que plus bas soumissionnaire conforme, Ricova estime qu’elle aurait dû remporter le contrat.

Rappelons que la réputation de Ricova a été mise à mal par plusieurs révélations au cours des dernières semaines.

En février, Radio-Canada a rapporté que des ballots de papier fortement contaminés étaient vendus en Inde et brûlés dans des conditions nocives pour l’environnement.

Puis, en mars, le Bureau de l’inspecteur général (BIG) de Montréal a déposé un rapport accablant contre Ricova, accusant l’entreprise de manœuvres dolosives pour priver la Ville de millions de dollars. Le BIG recommandait à Montréal de mettre fin aux contrats avec Ricova « dès que possible » et que l’entreprise et son dirigeant, Dominic Colubriale, soient bannis des contrats publics montréalais pour cinq ans.

L’inspectrice générale a transmis le dossier à l’Unité permanente anticorruption pour que celle-ci détermine si une enquête criminelle est de mise.

Ces révélations ont bien sûr suscité de l’inquiétude à Laval.

« J’ai pris connaissance des enquêtes de l’inspecteur général de Montréal et du bureau d’enquête de Radio-Canada », a fait savoir le maire de Laval, Stéphane Boyer, dans une déclaration transmise par courriel. « Bien sûr, ces dernières ont suscité plusieurs questions dans mon esprit. Heureusement, je n’aurai même pas besoin de les adresser puisque nous accepterons l’offre de la coopérative Tricentris [au conseil municipal de mardi soir] ».