Après le maire de Verdun la semaine dernière, un nouvel élu montréalais jette l’éponge de la politique municipale en montrant du doigt la haine qui circule sur les réseaux sociaux.

Philippe Roy, qui dirigeait Mont-Royal depuis 11 ans, annoncera aujourd’hui qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession, a appris La Presse.

M. Roy a indiqué que le climat toxique qui règne sur le débat public, alimenté par des internautes véhéments ou complotistes, constituait « la goutte qui a fait déborder le vase » et l’a convaincu de tourner la page.

« Ça a été une longue réflexion. Après avoir parlé avec mon épouse, mes enfants, mes amis, j’ai décidé que je voulais passer le flambeau », a dit M. Roy en entrevue. « Je veux passer à autre chose. »

L’avocat de 52 ans a été élu comme conseiller municipal au moment des défusions, en 2005, puis par acclamation comme maire à partir de 2010 jusqu’à aujourd’hui.

Le climat politique actuel, « c’est l’élément qui a fait que j’ai compris que j’étais prêt à passer à autre chose », a-t-il dit. « Il se passe quelque chose sur les médias sociaux qui n’était pas là avant, a poursuivi l’élu. On dirait qu’avant, c’était plus courtois, les gens se respectaient. Et depuis peut-être deux ans, ce qu’on constate, c’est que c’est devenu très haineux, très fake news. J’ai lu des choses qui sont complètement irréelles et des gens, que je connais parfois, qui abondent et y croient. Ils sont convaincus que c’est la réalité. »

Philippe Roy a indiqué qu’il avait été particulièrement dégoûté par les attaques visant sa conjointe. « Elle n’est pas en politique et elle n’a pas d’affaire à être prise dans ce genre de débats-là. Mes enfants me relatent ce qu’eux voient sur d’autres plateformes. C’est devenu un peu trop intense », a-t-il dit.

Le maire de la petite ville cossue de 20 000 habitants a indiqué qu’il n’osait pas imaginer ce que des maires plus visibles que lui — comme Valérie Plante et Régis Labeaume — pouvaient vivre en matière d’attaques incessantes.

« Je connais des gens qui auraient aimé se lancer en politique dans une prochaine campagne électorale, mais dès qu’ils voient ce qu’il y a sur ces plateformes-là, ils renoncent en disant qu’ils n’ont pas besoin de ça dans leur vie », a-t-il témoigné.