Valérie Plante a décidé que l’attaque était sa meilleure défense, jeudi soir, alors que son bilan était vivement critiqué de toutes parts au cours du premier débat télévisé de la campagne municipale.

Dans un exercice cacophonique, la mairesse a essuyé un feu nourri de critiques de la part de Denis Coderre et de Balarama Holness, visiblement décidés à profiter des caméras de LCN pour marquer des points chez les électeurs. Mme Plante a choisi de sauter dans la mêlée à bras raccourcis.

Elle a dépeint son prédécesseur comme un candidat brouillon, qui décide sans consulter et sert les intérêts des promoteurs immobiliers. M. Coderre a fait valoir que Montréal était moins sûr, moins propre et moins abordable depuis l’arrivée au pouvoir de sa successeure.

Le débat, véhément, a même pris une tournure personnelle par moments. « Quand vous riez, vous êtes nerveuse, a ainsi lancé Denis Coderre à la mairesse sortante, après qu’elle se fut esclaffée. Arrêtez de rire, c’est trop sérieux, l’habitation. » Valérie Plante a reproché à Denis Coderre d’avoir quitté la politique municipale après sa défaite de 2017. Il lui a répondu qu’il devait s’occuper de sa santé.

Balarama Holness, pour sa part, s’est posé en candidat de la rupture, qui rejette les « grands projets » de ses opposants pour se concentrer davantage sur les arrondissements périphériques. « Nous avons le choix entre le passé et l’avenir », a répété, en substance, le chef de Mouvement Montréal, qui propose de faire de Montréal une cité-État.

Vaccination obligatoire : Plante d’accord avec le principe

Les téléspectateurs du débat ont pu entendre Valérie Plante appuyer clairement pour la première fois le principe de la vaccination obligatoire chez les employés municipaux, mais rejeter la façon dont Denis Coderre a lancé l’idée sur la table. La semaine dernière, l’ex-maire avait été le premier à exprimer sa volonté d’obliger les cols bleus, les cols blancs, les policiers, les pompiers et tous les autres fonctionnaires à se faire vacciner. La mairesse a insisté sur la nécessité de discuter avec Québec.

« Moi aussi, je suis pour la vaccination obligatoire, mais je n’arrive pas comme un truck », a-t-elle dit. « M. Coderre a dit ça sans même vérifier s’il pourrait y avoir une rupture de services. […] Je trouve ça irresponsable. »

« Ce qui est irresponsable, c’est que la métropole du Québec ne montre pas l’exemple », a répliqué le principal intéressé. « Tout le monde doit l’être [vacciné] », a-t-il répété jeudi soir. « Québec verrait ça d’un bon œil si tout le monde prenait son leadership. […] Vous ne jouez pas votre rôle de mairesse, malheureusement c’en est un autre exemple. »

« On n’avait pas besoin de faire ça »

Quelques jours après des révélations sur les réductions de service qui seront peut-être nécessaires pour équilibrer le budget de la Société de transport de Montréal (STM), les deux principaux candidats se sont écharpés sur les causes du problème.

Mercredi, Denis Coderre avait fait valoir que la STM aurait dû diminuer ses dépenses en réduisant le niveau de service au plus fort de la pandémie de COVID-19, alors que l’achalandage avait chuté. « Il y a eu un manque de leadership de la part de l’administration actuelle », a-t-il réitéré jeudi soir. « Donner le plein service pendant la pandémie, on n’avait pas besoin de faire ça. »

Mme Plante croyait avoir trouvé là un talon d’Achille de son adversaire. « Savez-vous qui utilisait le transport collectif pendant la pandémie ? Ce sont les travailleurs de première ligne. […] Pour moi, ce n’était pas la chose responsable à faire », a-t-elle dit.

Qu’est-ce qu’on devait dire à l’infirmière ? Qu’elle aurait dû partir une heure et demie plus tôt parce que son autobus ne passerait qu’aux heures ? Elle s’occupait des gens malades de la COVID-19, monsieur Coderre.

Valérie Plante, cheffe de Projet Montréal

Comme à d’autres occasions, Balarama Holness a refusé de s’impliquer dans les querelles de ses adversaires, préférant avancer une tout autre proposition : « Le modèle d’affaires de la STM est archaïque. Il faut que le secteur privé s’insère dans la situation » de la société de transport, a-t-il dit. « Il faut changer le modèle. »

Toujours sur la question du transport, la construction du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est a aussi retenu l’attention. Denis Coderre a proposé de « travailler avec le processus » plutôt que d’exprimer des craintes comme le fait l’administration actuelle. « On ne peut pas dire qu’on est pour un bout et contre l’autre », a-t-il dit, faisant référence aux inquiétudes soulevées par la portion aérienne au centre-ville de Montréal. « Il faut qu’on ait le sens de la métropole. Il faut que le maire ne soit plus dans la salle d’attente. »

Denis Coderre a d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises son souhait de voir la métropole du Québec reprendre la stature qu’elle avait – à son avis – pendant son propre mandat à l’hôtel de ville. Il reproche souvent à la mairesse actuelle de ne pas utiliser l’ensemble des pouvoirs qu’elle détient et de préférer se tourner vers d’autres ordres de gouvernement.

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