Le mariage aura duré moins de trois semaines : le chef du parti Ralliement pour Montréal, Marc-Antoine Desjardins, qui avait uni son parti à celui de Balarama Holness, Mouvement Montréal, jette l’éponge en « se dissociant totalement » de son ancien allié.

En joignant leurs forces, le 30 septembre dernier, les deux hommes se faisaient l’accolade et affirmaient qu’ils proposaient une option crédible pour la mairie de la métropole, pour ceux qui n’appuyaient ni Valérie Plante ni Denis Coderre.

Marc-Antoine Desjardins avait même renoncé à briguer la mairie de Montréal pour laisser le champ libre à Balarama Holness. M. Desjardins s’était porté candidat à la mairie de l’arrondissement d’Outremont, devenant cochef de Mouvement Montréal et éventuel président du comité exécutif.

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Marc-Antoine Desjardins et Balarama Holness lors de l’annonce de la fusion de leurs partis, le 30 septembre

Mais les dissensions ont eu raison de leur entente.

« Par la présente et par principe, je me retire de la course à la mairie d’Outremont en me dissociant totalement du parti Mouvement Montréal, de son chef et de ses propos tenus mardi, 12 octobre 2021 », a indiqué Marc-Antoine Desjardins dans une missive laconique envoyée à quelques médias, en fin de journée mardi.

Je ne ferai aucun commentaire d’ici la fin de cette campagne municipale et je souhaite la meilleure des chances aux candidats et candidates qui m’ont fait confiance depuis le début et qui représentent réellement la troisième voie.

Marc-Antoine Desjardins

Le 12 octobre, Marc-Antoine Desjardins et Balarama Holness avaient annoncé que leur parti unifié tiendrait une consultation publique d’un an sur l’usage du français et de l’anglais dans les institutions municipales, en vue de la tenue d’un « référendum sur le statut linguistique » de la métropole.

M. Holness indiquait son intention de militer pour que Montréal soit reconnu comme une ville bilingue, tandis que M. Desjardins voulait continuer de défendre le statut français de la métropole, reconnu par la charte de la Ville.

À cette occasion, Balarama Holness avait réitéré son intention de réduire le financement du Service de police de la Ville de Montréal, alors que Marc-Antoine Desjardins avait déjà déclaré être formellement opposé au définancement.

Départs

L’union entre les deux partis et l’idée d’un référendum sur la question linguistique ont causé des remous, et certains candidats de Ralliement pour Montréal ont décidé de se retirer de la course.

Jean-Pierre Boivin, candidat dans le district Champlain–L’Île-des-Sœurs, a décidé de quitter le parti de M. Holness pour se présenter comme indépendant. Il devra toutefois mener sa campagne avec des pancartes de Mouvement Montréal.

Jean-François Cloutier et Brigitte Lamoureux, qui devaient être candidats dans l’arrondissement de Lachine, ont aussi claqué la porte à la suite de l’union des deux partis.

« Aucun impact », dit Holness

Quelques minutes après l’annonce de Marc-Antoine Desjardins, Balarama Holness a réagi en affirmant que le départ de son partenaire n’avait « aucun impact » sur sa campagne et qu’il n’était pas surpris de cette décision.

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Balarama Holness, chef de Mouvement Montréal

Je m’y attendais. Cette élection est très difficile psychologiquement.

Balarama Holness, chef de Mouvement Montréal

L’ex-joueur de football évoque de nombreux messages négatifs envoyés par le public et des chroniques dans les médias critiquant l’alliance entre leurs deux partis, ainsi que l’idée d’un référendum sur la question linguistique.

Balarama Holness a même reçu des menaces de mort et a porté plainte à la police, la semaine dernière.

« Tout ça a un impact sur la qualité de vie et sur l’expérience de la campagne », fait-il remarquer.

Il ajoute que, selon lui, M. Desjardins avait très peu de chances de l’emporter à la mairie d’Outremont.

Balarama Holness ne craint pas que d’autres candidats se retirent à la suite du départ de Marc-Antoine Desjardins. « La majorité des personnes qui se sont lancées avec nous sont bien enracinées dans leur arrondissement », soutient-il.

Son parti présente 70 candidats aux 103 postes à pourvoir aux élections du 7 novembre à Montréal.

Marc-Antoine Desjardins, qui est avocat, a été candidat en 2019 à la mairie du Plateau-Mont-Royal pour le parti Vrai changement pour Montréal, ancienne formation de la ministre fédérale Mélanie Joly. En 2017, il avait tenté de se faire élire comme conseiller municipal avec l’équipe de Denis Coderre.

Dans la lettre annonçant son départ, M. Desjardins souligne que, selon lui, son poste de cochef de Mouvement Montréal devrait revenir à Lili-Anne Tremblay, candidate à la mairie de l’arrondissement de Saint-Léonard. M. Holness n’a pas précisé ses intentions à cet égard.