Transformer l’est de la métropole en « Silicon Valley verte » du Québec, implanter les caméras corporelles au SPVM, verdir les rues de la métropole, créer un registre des baux : Denis Coderre a dévoilé lundi sa plateforme électorale qui, selon lui, s’adresse à la « prochaine génération » de Montréalais.

« Ma seule attaque, c’est de m’attaquer aux problèmes de Montréal », a martelé M. Coderre lors d’une conférence de presse tenue dans un gratte-ciel du centre-ville, lundi. Il a réitéré qu’il souhaitait mener une campagne positive, disant vouloir « que Montréal se retrouve ».

Ce sont les candidats et coprésidents de la plateforme, Guillaume Lavoie et Emilia Tamko, qui ont détaillé les engagements. D’emblée, le premier a dit trouver « futile » de penser l’organisation d’une ville sur quatre ans. « Tout ce qu’on fait aura des effets qui vont dépasser quatre années. Notre horizon, c’est 25 ans. On veut modeler la ville de la prochaine génération », a-t-il plaidé, en parlant de trois crises : celle du logement, celle de la sécurité et celle du climat.

En habitation – l’un des enjeux qui promet d’être central dans cette campagne –, Ensemble Montréal veut créer un registre de tous les baux résidentiels et obliger les propriétaires commerciaux à effectuer une « inspection insalubrité indépendante » pour les logements dont la construction remonte à plus de 20 ans.

La formation envisage la création d’une « taxe à l’insalubrité » et compte augmenter le nombre d’inspecteurs, avec la création d’un programme d’inspection préventive dans les arrondissements. Elle souhaite au passage demander à Québec de transférer ses compétences à la métropole pour gérer le parc immobilier scolaire. « Les champignons dans les écoles, je les veux dans les assiettes et pas dans les plafonds », a illustré l’ex-maire, qui croit ainsi enlever « une épine dans le pied » à Québec.

Pour « désenclaver » et « développer l’Est pour vrai », Ensemble Montréal compte transformer le secteur en un « pôle de commerces écologiques » et d’habitations écoresponsables. Ses élus veulent aussi augmenter la fréquence et les dessertes de la navette fluviale vers le centre-ville en créant d’autres projets pilotes avec des municipalités de banlieue comme Terrebonne, Repentigny et Varennes.

M. Coderre a aussi reconnu lundi que de faire campagne contre certaines races de chien comme les pitbulls, en 2017, « a été une erreur ». Son parti promet cette année de ne pas créer de « réglementation visant les chiens en fonction de leur race », mais plutôt de faire de la métropole une « ville amie des animaux », en créant notamment deux nouveaux refuges pour animaux, dans l’Est et dans l’Ouest.

Des arbres dans toutes les rues

Les troupes d’Ensemble Montréal visent également à faire en sorte que « plus aucune rue » ne soit « sans arbres » dans la métropole. « On va en planter là où ça compte, c’est-à-dire dans les zones où les gens en ont le plus besoin », au cœur des îlots de chaleur, a indiqué Mme Tamko. « Bien entendu, ce ne sera pas facile, et c’est beaucoup moins clickbait que d’annoncer un nombre faramineux d’arbres, mais nous pensons que c’est la façon la plus intelligente de réduire les [gaz à effet de serre]. Nous appelons ça du verdissement intelligent », a-t-elle insisté, appelant à faire reconnaître le « statut patrimonial » du mont Royal devant l’UNESCO.

Le parti de M. Coderre veut s’inspirer de la France et obtenir le statut d’intermittent pour les artistes, ce qui leur assurerait un salaire et une sécurité d’emploi entre deux contrats pour atteindre leur « plein potentiel ». La mesure touche plus d’une centaine de milliers d’artisans dans l’Hexagone actuellement.

Ensemble Montréal veut aussi mettre à jour le portrait annuel des personnes en situation d’itinérance et « établir une planification post-pandémie ». S’il est élu, le parti s’engage par ailleurs à mettre en place des caméras corporelles sur les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) « dès la première année » de son mandat. « Nous ne définancerons pas, nous ne désarmerons pas. Point final », a réitéré M. Lavoie.

Côté transport collectif, le parti veut « accélérer » les délais entourant la réalisation de projets comme la ligne bleue. En avril, Québec avait créé un nouveau groupe de travail en se disant inquiet de la hausse des coûts entourant les travaux. Le groupe d’opposition veut enfin créer une « Charte d’engagement de la qualité » pour assurer la ponctualité et la propreté du métro et des bus.

Les promesses phares de la plateforme

  • Créer un registre des baux résidentiels
  • Planter des arbres dans toutes les rues de Montréal
  • Demander à Québec de transférer ses compétences à Montréal sur le parc immobilier scolaire
  • Ne pas créer de réglementation visant les chiens en fonction de leur race

Quelques autres engagements

  • Inclure toutes les villes de la Région métropolitaine de recensement (RMR) dans la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)
  • Créer un comité avec Québec pour réduire la production de CO2 dans l’île de Montréal
  • Réclamer un fonds fédéral pour accélérer la lutte contre la crise climatique dans les villes
  • Changer le règlement 20-20-20 pour freiner l’exode vers les banlieues, mais continuer d’exiger au moins 15 % de logements sociaux dans les grands projets immobiliers