Une centaine de citoyens, élus et militants ont manifesté samedi dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve pour réclamer « d’autres options » qu’un REM aérien dans l’est de la métropole, alors que des consultations s’entameront mardi dans le secteur.

« Un mode aérien qui coupe et enclave encore plus Hochelaga-Maisonneuve par rapport au fleuve, ce n’est pas acceptable », a martelé la porte-parole du Regroupement des riverains de la rue Notre-Dame (RRRND), Patricia Clermont, en marge du rassemblement place Simon-Valois, qui a culminé au parc Morgan.

Ce dernier est menacé de perdre « une quarantaine d’arbres » si le REM aérien va de l’avant, affirme Mme Clermont, qui déplore que « cette bande verte soit pourtant très fréquentée par tout le monde dans le quartier, et a été encore plus appréciée pendant la pandémie ». « En ces temps de défi climatique, on a besoin de plus d’arbres, pas moins », a soutenu la porte-parole.

Jérôme Fournier, un résidant d’Hochelaga depuis huit ans, craint que le REM aérien crée une « cicatrice énorme à long terme » dans le quartier, qui « a déjà été endommagé par le réaménagement de la rue Notre-Dame ». « Ça serait le dernier clou dans le cercueil pour s’assurer de la dévalorisation du secteur sud d’Hochelaga », dit-il. « Moi, ce que je propose, c’est d’installer le REM sur la rue du Port et d’aménager des dalles-parcs pour chaque station, afin de faire des ouvertures vers le fleuve. C’est sûr que ça coûtera plus cher, mais c’est tout à fait possible. On a l’espace, et les sols sont assez solides pour le faire », martèle-t-il.

S’il est vrai que les modes au sol peuvent être « plus lents », reconnaît le citoyen, il maintient que la Caisse doit considérer une approche « respectueuse des citoyens ». Dans sa forme actuelle, « le projet va nous couper l’accès au fleuve pour les 100 prochaines années », craint-il.

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Jérôme Fournier, un résidant d’Hochelaga, et son fils

Des élus veulent mieux

Plusieurs élus étaient présents à la manifestation, dont le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), Pierre Lessard-Blais. « On a déjà moins de parcs qu’ailleurs ici, et il y a beaucoup de locataires dans le quartier. Donc qu’est-ce qui va arriver ? On se pose aussi des questions pour Mercier-Est, où le passage aérien sur Sherbrooke sera à moins de dix mètres de certaines résidences », a avoué l’élu.

On est préoccupés, et il faut tirer le projet vers le haut. On s’attend à ce que la Caisse offre des réponses aux citoyens.

Pierre Lessard-Blais, maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

Le député provincial d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, réclame aussi une « considération » pour d’autres alternatives que l’aérien, présenté selon lui comme « la seule et unique solution ». « Il y a une chose qu’on ne prend pas assez en compte : c’est la qualité de vie d’Hochelaga-Maisonneuve. On n’est pas juste sur le chemin entre le centre-ville et Pointe-aux-Trembles. On est un milieu de vie. On a droit à une qualité de vie. Le mode aérien va littéralement scrapper la bande verte », fustige M. Leduc.

« Certes, on en veut du développement dans l’Est, mais ce n’est parce qu’il en manque qu’on est prêts à accepter n’importe quoi non plus », insiste le solidaire.

Seul néo-démocrate élu au Québec, le député fédéral de Rosemont, Alexandre Boulerice, se dit aussi « inquiet » de la manière dont le REM semble vouloir se développer. « On a vu le dégât que ça a causé avec le boulevard métropolitain, en termes d’esthétique urbaine. Ça a défiguré des quartiers. On devrait avoir appris de ça, et éviter le plus possible ces déplacements aériens », juge-t-il.

Jadis députée dans la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve, Louise Harel a aussi pris part au rassemblement. « L’aérien, c’est un mode de transport qui pourrait être intéressant s’il était en périphérie, comme à Paris par exemple, mais pas dans les quartiers centraux. Le transport collectif doit être intégré au tissu urbain et local », a indiqué l’ancienne ministre péquiste.

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L’ex-députée péquiste dans la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve, Louise Harel

Le REM se dit à l’écoute

Appelée à réagir, la directrice des affaires publiques du REM, Virginie Cousineau, a assuré par écrit que « l’acceptabilité sociale est une composante essentielle d’un projet aussi important que le REM de l’Est ». « C’est pourquoi nous avons organisé un vaste processus de consultation publique auquel ont participé à ce jour plus de 1000 personnes. Nous en souhaitons le plus grand nombre de participants pour la suite », a-t-elle soulevé.

Les consultations en arrondissements ont été lancées le 27 mai, dans Saint-Léonard et Montréal-Nord. Les secteurs de Rosemont (axe L’Assomption) et de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles ont aussi fait l’objet de consultations au début juin. Après Mercier–Hochelaga-Maisonneuve le 8 juin, ce sera le tour de Ville-Marie le 10 juin.

« Ces consultations, ainsi que nos échanges continus et fréquents avec les parties prenantes et le travail du comité d’experts indépendants pour l’intégration architecturale nous permettront d’optimiser et bonifier ce grand projet de transport collectif pour l’est et le nord-est », conclut Mme Cousineau.