L’actuel président de la CSN, Jacques Létourneau, sera candidat à la mairie de Longueuil en novembre prochain, a appris La Presse.

Le chef syndical a confirmé en entrevue qu’il démissionnerait de son poste afin de prendre la tête d’Action Longueuil, parti de l’actuelle mairesse, Sylvie Parent, et tenterait de lui succéder à l’hôtel de ville. « On y va pour gagner », a-t-il confié à La Presse, en entrevue. « C’est un peu le prolongement de mon engagement syndical, mais dans la société », a dit M. Létourneau.

Pas de grande promesse phare pour le nouveau politicien, sinon celle de travailler avec ardeur. « C’est sûr que mon objectif premier, c’est d’améliorer le sort des gens qui vivent à Longueuil. »

M. Létourneau habite à Longueuil depuis « deux ans et demi », mais a souligné avoir déjà travaillé sur la Rive-Sud auparavant. Son dernier emploi avant le début de sa carrière syndicale était d’ailleurs à l’hôpital Charles-Le Moyne, dans l’arrondissement de Greenfield Park.

Historien de formation, il est président de la CSN depuis 2012. Sa démission sera annoncée ce mercredi et entrera en vigueur en juin prochain. Les élections municipales se tiendront en novembre. La mairesse Parent a déjà indiqué qu’elle ne convoiterait pas un autre mandat.

« Pas quelqu’un de très idéologique »

C’est Action Longueuil qui a sondé son intérêt pour la politique municipale. M. Létourneau a d’abord refusé, avant d’y réfléchir à nouveau et d’accepter de tenter sa chance.

La décision n’a pas été facile. « Je suis à la CSN depuis plus de 30 ans, a-t-il dit. C’est une occasion que je n’ai jamais vue venir. »

« Quand j’ai vu comment travaillait le parti Action Longueuil, je me suis dit que c’était en phase avec mes valeurs », a-t-il continué. Il devra d’abord être élu à la direction du parti.

Jacques Létourneau a indiqué qu’il baserait sa campagne à la mairie sur son expérience, sa présence sur le terrain et sur la solidité de son équipe, plutôt que sur des promesses liées à des projets précis ou sur des orientations coulées dans le béton.

« Je suis assez pragmatique. C’est sûr que je suis favorable à une répartition de la richesse et je suis favorable au développement social et aux services publics », a-t-il dit.

Je ne suis pas un néolibéral, on s’entend. Je ne suis pas quelqu’un de très idéologique. Je suis syndicaliste, mais je n’ai jamais milité dans un parti politique.

Jacques Létourneau

Questionné sur différents enjeux par La Presse, il a souligné l’importance d’améliorer l’offre de transports collectifs sur la Rive-Sud (notamment avec un projet de prolongement du Réseau express métropolitain) et de faire de la place aux vélos. Il refuse toutefois la comparaison avec Valérie Plante, prenant acte qu’à Longueuil, « tout le monde est hyperdépendant de sa voiture ».

« De moins en moins » une banlieue

Mais Longueuil change, note Jacques Létourneau. Longueuil, « ç’a été longtemps une banlieue, mais je pense que c’est de moins en moins le cas, a-t-il dit. C’est une ville qui est capable et doit prendre toute sa place ». Elle vit les enjeux des autres grandes villes, notamment la fièvre immobilière et la hausse des loyers. Le syndicaliste voudrait trouver un équilibre entre les jeunes familles qui viennent s’installer en faisant monter les prix et les résidants qui habitent la ville depuis toujours.

« C’est une ville assez particulière : elle est enclavée entre des banlieues assez riches et Montréal, alors qu’à Longueuil, il y a de la diversité sur le plan social », a-t-il dit, notant qu’il vivait lui-même dans le Vieux-Longueuil, à proximité du cégep Édouard-Montpetit. « Il y a des coins très riches, il y a une classe moyenne importante, qui est beaucoup formée de travailleuses et de travailleurs, et il y a des quartiers beaucoup plus défavorisés. »

Si un syndicaliste est élu comme maire, les employés de Longueuil devraient-ils sabler le champagne en vue du renouvellement de leur convention collective ? « Je suis un gars de dialogue », a-t-il dit.