La pénurie de voitures Communauto observée ces dernières semaines à Montréal commence à « se résorber », juge l’entreprise d’autopartage, qui vient de recevoir 70 de ses 150 nouveaux véhicules attendus d’ici la fin septembre. Malgré une année difficile sur le plan financier, l’avenir est brillant pour cet acteur québécois, croit un expert.

« D’ici quelques semaines, avec la fin des vacances et notre parc qui s’agrandit, on devrait revenir à quelque chose de plus ou moins normal », explique à La Presse le vice-président de la compagnie, Marco Viviani. Son groupe inaugurait jeudi à Calgary son service d’autopartage, déjà bien implanté au Canada.

Mais à Montréal, les témoignages d’usagers insatisfaits ont abondé ces dernières semaines. « Depuis juin, je n’ai pas réussi à louer une Flex [sans réservation] ou en station fixe. Rien à des kilomètres à la ronde de chez moi. Déçue », écrivait une usagère, sous une publication de l’entreprise au début août.

« C’était déjà difficile depuis 1-2 ans […], mais cette année, on a atteint un autre niveau. Ça demande tellement de gestion d’horaires, en plus de prendre les transports en commun pour aller chercher une voiture. C’est dément », déplorait de même un autre client. Or, les deux phénomènes qui expliquent cette offre déficiente sont sur le point de prendre fin, dit M. Viviani.

D’un côté, la livraison de nouveaux véhicules a été retardée à cause de la fermeture des usines. Et de l’autre, les gens sont partis longtemps avec nos voitures, pendant leurs vacances au Québec, beaucoup plus qu’on ne l’avait prévu.

Marco Viviani, vice-président de Communauto

Le vice-président, qui dit comprendre l’impatience des usagers, demande aussi leur compréhension. « Ça n’a pas été une année facile pour nous. On risque de perdre de l’argent. On va devoir piger dans nos réserves, mais au moins, on sera capables d’absorber le tout », remarque-t-il.

« Ils vont devenir dominants », assure un expert

Pour le spécialiste en planification des transports à l’Université de Montréal, Pierre Barrieau, les difficultés que Communauto traverse actuellement ont certes des impacts malheureux sur la clientèle, mais le contexte de la pandémie annonce de « très beaux jours » pour la suite, selon lui.

Des modèles d’économie de partage comme Lime ou Airbnb ont eu la vie dure en 2020. De cette situation-là, Communauto peut émerger. Ils vont devenir dominants dans leur marché, et c’est comme ça qu’ils se sortiront de la crise.

Pierre Barrieau, spécialiste en planification des transports à l’Université de Montréal

ShareNow, le fournisseur du service Car2Go, s’était retiré en mars du marché nord-américain, en raison de « l’état volatil du marché global de la mobilité » et de « la croissante complexité des infrastructures de transport ». « Ça a été majeur pour Communauto, illustre M. Barrieau. Le pari qu’ils ont fait en augmentant leur parc cette année risque de payer à long terme. Les nouveaux clients vont rester. »

Montréal voudra diversifier

La Ville de Montréal, elle, ne cache pas qu’elle veut à terme diversifier l’offre d’autopartage. « On a déjà diminué significativement le coût des permis et on a beaucoup assoupli la réglementation sur les véhicules en libre-service (VLS). Le but, c’est d’envoyer le signal aux opérateurs que notre système est sain et souple », illustre le responsable de la mobilité, Éric Alan Caldwell.

« Il y a beaucoup d’arrondissements qui ont aujourd’hui accès à Communauto parce qu’on a assoupli ces règles », avance aussi l’élu.

En septembre 2019, Québec avait acquis 24 % des parts de Communauto pour « donner des reins plus solides » à l’entreprise, qui possède environ 2300 véhicules à Montréal.