Murs bleu pastel. Larges fenêtres. Coin café, cuisine, douches, lits et lavoir. Un refuge « zen et design » a ouvert ses portes jeudi au coin de l’avenue Atwater et de la rue Sainte-Catherine, à deux pas du square Cabot, où 14 sans-abri ont été retrouvés morts depuis un an, en majorité des femmes autochtones.

Ce centre, ouvert tous les jours de 8 h à 20 h, s’appelle Résilience Montréal. Il est le fruit du travail de deux femmes : Nakuset, directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, et Sheila Woodhouse, directrice de la Communauté Nazareth.

« Je tiens à saluer le leadership, la force de caractère et la ténacité de Nakuset et Sheila Woodhouse », a dit la mairesse Valérie Plante, présente à l’inauguration des locaux qui sentaient encore la peinture fraîche.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Nakuset (Directrice générale du centre pour femmes autochtones), Sheila Woodhouse (Directrice générale de la communauté Nazareth), Valérie Plante, (mairesse de Montréal), Putulik Qumak (usagé du centre) et Sylvie D’Amours (ministre responsable des Affaires autochtones)

Depuis le 21 octobre, l’organisme nouvellement créé détient les clés d’un vaste local de 7000 pieds carrés, qui a été un McDo et un restaurant japonais avant de fermer ses portes, près du métro Atwater. Il était vacant depuis plusieurs mois quand les deux directrices l’ont loué pour une période de neuf mois à un an.

Après quoi Résilience Montréal devra déménager : l’immeuble sera démoli pour faire place à des condos.

Nakuset et Sheila Woodhouse sont déjà à la recherche d’un autre toit dans le secteur, où elles souhaitent s’installer de façon permanente. En attendant, elles offrent des services à une population qui en a bien besoin. Autochtone et non autochtone.

Crise dans le secteur

Le déménagement, il y a un peu plus d’un an, du refuge La Porte ouverte (Open Door), qui occupait les locaux d’une ancienne église anglicane près du square Cabot, a provoqué une véritable crise. « Il y a eu des décès, et ça, c’est une situation inacceptable », a insisté la mairesse Plante.

L’organisme La Porte ouverte (Open Door) offrait, depuis 30 ans, des services à une centaine de sans-abri, dont 40 % étaient inuits.

Il a migré sur l’avenue du Parc, mais sa clientèle n’a pas suivi. Du moins, pas toute sa clientèle. La majorité (70 %) est restée autour du square Cabot, un endroit fréquenté par des autochtones depuis les années 70. Résultat : au cours de la dernière année, 14 sans-abri qui fréquentaient ce petit parc urbain sont morts. Le corps de la dernière victime, un homme d’une quarantaine d’années, a été découvert le 15 septembre.

150 bénévoles

Le centre Résilience Montréal a emménagé dans ses nouveaux locaux en un rien de temps, grâce à la collaboration de 150 bénévoles et des services pro bono du bureau Architecture sans frontières. Démolition, installation d’un nouveau plancher, menuiserie, installation d’une laveuse et d’une sécheuse, rembourrage, peinture… Tout a été fait gratuitement.

« On a eu cinq, six journées de corvée avec de 30 à 50 personnes chaque jour, qui sont venues de 8 h le matin des fois jusqu’à 10 h le soir », a précisé l’architecte Bruno Demers.

« Le carrelage a été terminé [mercredi]. Il ne faut pas sous-estimer la puissance de l’engagement dans ce genre de projet là. C’était un projet impossible et c’est un projet qui a été rendu possible grâce à cette mobilisation. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

À l’étage, la salle est vouée au bien-être : les sans-abri pourront s’y reposer, se faire couper les cheveux, pratiquer le yoga ou le tai-chi. Au rez-de-chaussée, les clients seront accueillis et orientés vers les différents services : psychothérapeute, psychologue, etc. Des organismes, comme Moisson Montréal ou Cactus, viendront sur place.

À l’étage, la salle est vouée au bien-être : les sans-abri pourront s’y reposer, se faire couper les cheveux, pratiquer le yoga ou le tai-chi. Au rez-de-chaussée, les clients seront accueillis et orientés vers les différents services : psychothérapeute, psychologue, etc. Des organismes, comme Moisson Montréal ou Cactus, viendront sur place.

Le centre offrira aussi des services adaptés aux populations inuites, aux membres des Premières Nations et des peuples métis.

Le budget alloué pour la première année de fonctionnement est de plus de 900 000 $. Le tiers provient du nouveau Fonds Réflexe Montréal en itinérance (FRMI).