L’escouade mobilité mise en place par Montréal pour améliorer la fluidité dans les rues de son centre-ville est intervenue en moyenne 145 fois par jour cet été. Et ses agents, qui ont le pouvoir de remettre des contraventions depuis le 1er juillet, ont déjà mis à l’amende près de 600 personnes.

Bloquer illégalement la circulation peut dorénavant coûter cher aux fautifs dans les rues de Montréal. L’escouade mobilité de la métropole a pris du muscle cet été en élargissant son territoire de patrouille, en plus d’obtenir des pouvoirs d’imposition d’amendes.

Du 1er juillet au 19 août dernier, l’escouade a procédé à un total de 7090 interventions aux abords des chantiers de construction, sur les voies réservées aux autobus, aux arrêts interdits, aux débarcadères, aux passages piétons ou aux liens cyclables. Les entrepreneurs sont visés, mais aussi les livreurs, travailleurs et citoyens délinquants.

Au terme de près de 1 intervention sur 10, les contrevenants ont écopé d’une amende. Ainsi, 592 constats ont été remis durant le mois de juillet et la majeure partie du mois d’août.

• 400 $
Somme des amendes pour une première infraction, plus les frais. En cas de récidive, le montant est fixé par la Cour municipale. 

• 78 $ et plus
Somme des amendes pour les stationnements non conformes sur les axes de mobilité

L’escouade a notamment été appelée à intervenir cet été sur le boulevard De Maisonneuve, à l’est de la rue Fullum, sur les lieux d’un chantier de construction fonctionnant à plein régime. Un travailleur bloquait complètement la circulation avec son équipement de chantier, faisant aussi dévier la circulation sur la piste cyclable. Après discussions, un permis d’occupation temporaire a été délivré pour l’exécution des manœuvres, mais en période hors pointe.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Cet été, l'escouade mobilité est notamment intervenue sur le boulevard De Maisonneuve, à l'est de la rue Fullum.

Dans un autre cas, un inspecteur a sévi contre un nettoyeur de vitres qui ne respectait pas les limites de son permis en compromettant la sécurité des usagers de la voie publique. L’inspecteur a ordonné la fermeture du chantier sur-le-champ. Le laveur de vitres a dû quitter les lieux jusqu’à ce que l’entrepreneur revienne avec un permis en bonne et due forme.

« Avec le système de caméras d’observation routière, on savait ce qui se passait sur le terrain, mais il n’y avait personne pour intervenir en temps réel », indique l’élu Sylvain Ouellet, responsable des infrastructures au sein de l’administration Plante. « Les policiers intervenaient en cas de grande urgence. Avec le terminal pour émettre un constat, l’effet est majeur quand un usager voit un inspecteur s’avancer dans son rétroviseur. C’est venu combler un besoin. »

Selon lui, les nouveaux pouvoirs dévolus créent un effet « dissuasif majeur » chez les usagers du domaine public. Les inspecteurs font un travail se rapprochant en quelque sorte des agents de stationnement.

Territoire étendu

Le territoire de l’escouade, autrefois limité à Ville-Marie, au Plateau-Mont-Royal et au Sud-Ouest, s’est aussi étendu. Son nombre d’inspecteurs est passé de 6 à 11, pour ensuite étendre ses opérations aux arrondissements de Rosemont–La-Petite-Patrie, de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Le gros de leur travail a lieu à l’heure de pointe matinale, en semaine, avec neuf inspecteurs déployés. D’autres agents assurent les opérations et les suivis en après-midi, et ce, jusqu’à 23 h.

Dans le secteur de la rue Fullum, hier matin, où les inspecteurs sont intervenus, un signaleur de chantier expliquait à La Presse que des camions de livraison de matériaux avaient déjà écopé d’amendes. Selon lui, la plupart des constats d’infraction finissent par des discussions à l’amiable, des avertissements. Il dit que la cohabitation avec les inspecteurs est bonne.

Plus loin, dans Ville-Marie, sur le boulevard René-Lévesque, près de la rue Lambert-Closse, deux voies sur trois étaient retranchées hier matin, avec une excavatrice au beau milieu. À côté, un gros chantier de tour résidentielle, et aucun inspecteur de l’escouade mobilité sur les lieux. Sur l’autre voie, des automobilistes visiblement excédés.

Spécialiste des affaires municipales, Danielle Pilette, professeure à l’Université du Québec à Montréal, estime que l’escouade est très utile, en principe, qu’elle part d’une bonne intention. Mais, selon elle, la Ville de Montréal doit agir en amont, lors de la planification des chantiers.

« On pourrait tracer un parallèle avec la prévention des accidents du travail. Au mieux, l’escouade est curative. Elle ne répond cependant pas aux principes de précaution et de prévention. »

À la Ville de Montréal, on estime que l’escouade mobilité est là pour de bon. À terme, il est même envisageable que ses activités soient intégrées à la future Agence de la mobilité durable, dont le mandat est de rapatrier la gestion de Stationnement de Montréal.

« Je ne vois pas comment on pourrait s’en départir. On part de loin, à Montréal », a affirmé l’élu responsable, Sylvain Ouellet.

Exemples d’interventions

Avenue du Docteur-Penfield

Un constat d’infraction a été remis pour occupation sans permis, avec obstruction complète du trottoir. Dans son rapport, l’inspecteur de la Ville de Montréal a noté que la voie était monopolisée par l’entrepreneur à l’heure de pointe. Le chantier a été arrêté, l’entrepreneur mis à l’amende, et il a dû quitter les lieux.

Boulevard René-Lévesque, entre la rue Saint-Alexandre et l’avenue Union 

Lors de sa patrouille, l’inspecteur a constaté que la signalisation sur le chantier entravait deux voies de circulation – une occupation sans permis. L’inspecteur a demandé du renfort pour démobiliser la signalisation. Après enquête, l’entrepreneur a reçu un constat d’infraction pour occupation du domaine public sans permis.