Prendre sa voiture pour aller composter, un geste contradictoire ? C’est pourtant ce que font des milliers d’habitants de Griffintown, faute de collecte des matières organiques.

À l’heure actuelle, la collecte se fait uniquement dans les bâtiments de huit logements et moins, sur l’ensemble de l’île de Montréal. Or, à Griffintown, un chantier de construction n’attend pas l’autre. Dans ce secteur en plein essor, les luxueuses tours de condos qui comportent plusieurs dizaines de logements pullulent.

Selon Pascale Fleury, coordonnatrice à l’écoquartier du Sud-Ouest, la volonté de permettre la cueillette est présente chez les élus de l’arrondissement. Mais, selon elle, c’est la ville centre qui accorde les contrats et décide de la vitesse à laquelle vont les choses.

« La Ville déploie la collecte des matières organiques par étapes et non par quartiers », affirme Camille Bégin, relationniste à la Ville de Montréal. La première étape, dit-elle, a été d’assurer la collecte dans les 540 000 logements des immeubles de huit logements et moins, qui se termine cette année. Actuellement, environ 99 % de ces logements sont couverts par la collecte des matières organiques.

Pour l’instant, les sites de dépôt collectif ou le recours à un service privé (voir encadré) sont les seules options offertes aux citoyens qui ne veulent pas envoyer leurs déchets organiques au dépotoir.

Certains pratiquent le vermicompostage (traitement des déchets organiques par des vers de terre) sur leur balcon, malgré l’espace restreint et peu adapté des condos.

Jack Fucale habite Griffintown et déplore la situation. À son avis, si on planifie la construction d’immenses tours d’habitations il faut également penser aux services offerts. Il fait partie des résidants qui montrent du doigt l’absence d’infrastructures de compostage (salle réfrigérée, chute à déchets organiques) dans des bâtiments récemment construits.

Pas avant 2021

Les résidants de Griffintown devront prendre leur mal en patience, car la logistique du ramassage des matières organiques n’est pas une mince affaire.

Selon Sophie Thiébaut, conseillère de l’arrondissement du Sud-Ouest, nombreux sont les obstacles qui se dressent sur la route d’une collecte efficace. « Les rues sont étroites, il y a une grande densité de population et l’équipement de collecte n’est pas adapté à une si grande quantité de matières. »

« Qui dit compostage dit centre de tri, ajoute-t-elle. Ça prend des infrastructures pour gérer toutes ces matières organiques. » Elle espère que, d’ici 2021, la situation s’améliorera grâce à la mise en service du centre de traitement des matières organiques (CMTO) de Saint-Laurent.

En attendant, le Sud-Ouest a été désigné arrondissement pilote et 2600 portes devraient ainsi devenir des zones d’expérimentation dans les prochains mois. Deux projets pilotes sont en cours depuis 2017 dans les coopératives Tiohkahté et Bassin du Havre. Elles ont testé différents scénarios de collecte, avec des résultats prometteurs.

En quoi consistent les services privés ?

Il existe des services privés de collecte de compost pour les bâtiments résidentiels et commerciaux. Les tarifs varient selon le volume à ramasser et l’emplacement. Il est possible de remplir un formulaire de soumission auprès des organisations.