Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, a présenté hier le rapport annuel 2018 devant la Commission de la sécurité publique de Montréal. Ce fut l’occasion d’aborder de nombreux dossiers et de se pencher sur les statistiques.

Policiers géolocalisés

Le SPVM souhaite doter tous les policiers d’un système de géolocalisation au cours des prochains mois. Le projet est en cours avec les spécialistes des technologies à la Ville de Montréal, qui doivent installer une puce GPS sur la radio de chaque policier. Un tel projet avait déjà été évoqué en 2010. « C’est pour permettre une meilleure localisation de nos gens sur le territoire afin de mieux répondre aux évènements ponctuels qui se produisent », a brièvement expliqué le chef Caron à la sortie de sa présentation. Ainsi, peu importe le poste de quartier auquel est rattaché un policier, si celui-ci se trouve à proximité d’un évènement, il devra s’y rendre. « Ça va permettre un meilleur délai d’intervention », précise M. Caron.

Utilisation du pistolet à électrochoc en hausse

Le rapport de 2018 laisse voir une augmentation de l’usage du pistolet à impulsion électrique (aussi appelé Taser gun) sur l’île de Montréal par rapport aux années passées. En 2018, les policiers se sont servis de ce type d’arme intermédiaire à 383 reprises, comparativement à 236 fois l’année précédente et à 112 en 2016. Selon Sylvain Caron, il est rassurant de voir que les policiers utilisent un pistolet à impulsion électrique plutôt qu’une arme à feu. Le porte-parole de l’opposition officielle en matière policière, Abdelhaq Sari, ne partage pas cette vision. Il estime que « cela ne peut qu’amplifier le nombre de plaintes » concernant le profilage racial et social. Il y a lieu d’avoir une « réflexion » sur cette question délicate, a-t-on indiqué du côté de la Ville.

Fraternité et droits fondamentaux

La Fraternité des policiers et policières de Montréal et la Fraternité des policiers et policières municipaux du Québec ont déposé hier une demande introductive d’instance devant la Cour supérieure dans le but de s’assurer que les droits fondamentaux de leurs membres sont respectés. Les deux syndicats contestent la validité constitutionnelle du règlement sur le déroulement des enquêtes indépendantes menées par le Bureau des enquêtes indépendantes. « Les dispositions qui obligent le policier impliqué à rédiger un compte rendu et à rencontrer un enquêteur du Bureau dans un contexte de détention […] violent son droit au silence, son droit à la non-incrimination, ainsi que son droit de recourir à l’assistance d’un avocat avant même de rédiger ledit compte rendu », explique-t-on dans un communiqué interne.

Critique de l’opposition

Le début de mandat du nouveau chef de police de Montréal, Sylvain Caron, n’impressionne guère l’opposition officielle à l’hôtel de ville, qui dit constater « un manque d’alignement stratégique dans les actions » du SPVM. « Il faut laisser le temps de juger. Pour l’instant, le bilan de la première année est très négatif », juge M. Sari. Sylvain Caron a une autre perspective de ses six premiers mois à la tête du SPVM. Il a donné l’assurance que les policiers étaient dévoués à leur travail. « Est-ce que c’est parfait ? Non. […] Tout se déroule très bien. On assure la sécurité des citoyens, et les gens s’investissent pour la sécurité des citoyens », a indiqué M. Caron avant d’ajouter qu’il s’emploie à « mobiliser l’équipe ».

Crimes haineux en hausse

Les incidents à caractère haineux ont considérablement augmenté en 2018 en comparaison à l’année précédente. Le SPVM a relevé 132 incidents, qui ont notamment pris la forme de messages haineux publiés sur Facebook. En 2017, le rapport annuel dénombrait seulement 13 incidents de cette nature. « Le contexte dans lequel on évolue [est que], de plus en plus, les gens s’expriment, les gens s’exposent. Notre module des crimes haineux travaille en collaboration avec les différents partenaires du milieu pour tenter de raviver un sentiment de sécurité auprès de la population qui peut être concernée », a commenté le chef Sylvain Caron. Bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement de crimes, chaque fois, il y a une intervention policière, a précisé M. Caron.

Trop de collisions mortelles

Les statistiques du SPVM démontrent que les collisions à Montréal sont à l’origine de 18 morts en 2018, comparativement à 15 l’année précédente. Depuis le début de 2019, sept personnes ont perdu la vie à la suite d’une collision. « C’est trop », a laissé tomber le directeur du SPVM. Selon Sylvain Caron, il s’agit d’une situation préoccupante qui nécessitera un travail de sensibilisation et de prévention dans certains secteurs de la ville. Certains carrefours sont régulièrement le théâtre de drames. En mars dernier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, annonçait un plan d’action pour réduire le nombre de morts et de blessés graves sur les routes. Ce plan pourrait permettre de revoir l’aménagement des lieux où les collisions mortelles sont les plus fréquentes.