Les cantonniers, ces oiseaux de nuit qui entretiennent et rénovent le métro de Montréal pendant les quelques heures de répit du réseau, se prêtent chaque nuit à une gymnastique réglée comme du papier à musique, une véritable course contre la montre. La Presse les a accompagnés dans les dédales du métro, après le passage du dernier train.

Course contre la montre

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

« Chaque minute compte pour réaliser l’ampleur des travaux qu’on a à faire », indique Marie-Claude Léonard, directrice exécutive, réseau du métro, à la Société de transport de Montréal (STM). Les travailleurs doivent attendre que le dernier train soit entré en gare avant de pouvoir couper le courant et se rendre sur les différents chantiers en cours. Avec les déplacements, ils ont une fenêtre de seulement 2 heures 30 minutes de travail efficace, chaque nuit, avant de partir en ne laissant aucune trace de leur passage pour l’ouverture du métro à 5 h 30.

À bord du train-travaux

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Pour se déplacer dans le métro une fois l’alimentation coupée, les cantonniers utilisent des trains-travaux qui fonctionnent au diesel. Certains sont d’ailleurs fonctionnels depuis les débuts du métro, en 1967. Néanmoins, 17 nouveaux véhicules électriques sont attendus en juillet prochain. Ces véhicules descendent dans le métro par une voie d’accès entre les stations Crémazie et Sauvé, sur la ligne orange.

Quelque 130 chantiers

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La station Jean-Talon, une des stations originales, fait partie des 130 chantiers en cours sur le réseau. Des travaux d’excavation sont nécessaires pour remplacer un mur structurant usé par l’eau et le temps. Les travaux dureront un an et représentent un investissement de 10 millions. « Ces travaux sont extrêmement bruyants, il serait inconcevable de faire ça avec la clientèle », estime Donald Desaulniers, directeur du programme Réno-systèmes à la STM.

Rénover sans interrompre le service

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Il est primordial pour Marie-Claude Léonard que le service ne soit pas interrompu par les travaux. C’est pourquoi, à la station Mont-Royal, où se font des travaux de rénovation de la voûte, la clientèle passe à travers le chantier. Ces travaux ont nécessité plus d’un an de préparation, 33 millions en investissement et se termineront d’ici deux ou trois mois. Ce ne sera pas pour autant la fin du chantier. Afin de rendre la station Mont-Royal universellement accessible, des travaux se poursuivront jusqu’au début de l’année 2022, peut-on lire sur le site internet de la STM. 

Des projets à très, très long terme

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Un peu plus de 20 ans seront nécessaires pour le remplacement de 340 000 nouveaux systèmes de fixation, au rythme de 45 par nuit. « Un projet qui durera le temps de toute une carrière pour certains », rigole Martin Chartrand, directeur de l’entretien des équipements fixes à la STM. Ils permettent de supporter le rail au sol, de le maintenir droit et de l’isoler du sol. Ces nouvelles selles, en fibre, seront plus durables et empêcheront la formation de fumée due au frottement, qui peut entraîner des arrêts de service. 

Augmentation du rythme d’investissement… 

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Les investissements en maintien des actifs sont passés de 200 millions en 2018 à 250 millions en 2019. Le directeur de projets, Donald Desaulniers, estime à 400 millions les investissements prévus pour 2020. « Il y a des équipements qui datent de 1967, ils nous donnent encore du bon service, mais il faut s’empresser d’agir avant que la fiabilité et la sécurité du métro puissent être touchées », affirme-t-il.

… pour éviter des pannes et des arrêts de service

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Le métro ne fait pas exception aux autres infrastructures construites à la Révolution tranquille, estime le directeur général de la STM, Luc Tremblay. « Il faut rattraper le temps perdu qu’on n’a pas mis, pour toutes sortes de bonnes raisons, parce qu’on avait d’autres priorités. Aujourd’hui, on est rendu à un point de non-retour. Si on ne s’occupe pas de ça, il va y avoir ce qu’on peut voir à New York ou à Washington, sur le plan de la fiabilité du service. »

Augmenter l’accessibilité

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La STM a annoncé des investissements pour permettre, d’ici 2025, l’accès par ascenseur à 41 stations. Actuellement, seulement 14 stations en sont munies, et des travaux ont débuté pour en installer dans les stations Jean-Talon, Jean-Drapeau, Berri-UQAM, Mont-Royal, Viau, Vendôme et Place-des-Arts. D’ici la fin de l’année 2019, les stations Préfontaine, Jolicœur, Angrignon et Villa-Maria s’ajouteront au lot.

Les avantages des nouveaux trains MPM-10 (AZUR)  

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Les trains sont inspectés tous les 20 000 km, soit environ toutes les deux ou trois semaines. « C’est sûr que le MPM-10 (AZUR) est plus agréable à inspecter, puisqu’il est neuf. […] On a l’inspection intérieure alimentée. Le train est équipé d’autotests, donc on lance les applications et il fait ses vérifications électriques par lui-même et il détectera lui-même les avaries », explique le directeur de l’entretien, Martin Chartrand.