Montréal a dépensé plus de 20 millions depuis 2016 pour sauver 50 000 arbres menacés par un insecte ravageur, l'agrile du frêne. Et la métropole devra continuer à miser sur ce coûteux traitement pendant encore de 10 à 15 ans pour éviter de transformer certaines rues en déserts, prévient l'élu Luc Ferrandez.

Les élus montréalais viennent de voter un contrat de 9,7 millions pour acheter pendant trois ans un insecticide destiné à lutter contre l'agrile du frêne. En achetant du TreeAzin en grande quantité, la Ville évalue qu'elle économisera environ 875 000 $.

Cet achat n'est pas le premier, la métropole s'en étant déjà procuré pour 9,3 millions depuis 2016. Elle a aussi attribué pour 1,6 million en contrats à des entreprises chargées d'appliquer l'insecticide sur les 50 000 arbres qu'elle souhaite sauver.

Montréal utilise depuis 2012 le TreeAzin afin d'endiguer l'agrile du frêne, qui avait fait son apparition dans l'île l'été précédent. À l'origine, la Ville voulait freiner la progression de l'insecte ravageur, mais celui-ci a néanmoins continué à gagner du terrain, s'implantant à la grandeur de l'île.

L'utilisation du TreeAzin est aujourd'hui vue comme une façon d'éviter l'éradication complète du frêne des rues de Montréal, la métropole pensant pouvoir en sauver 50 000.

Le contrat d'achat couvrant les années 2019 à 2021, Montréal devra vraisemblablement continuer à acheter de l'insecticide pendant encore de 10 à 15 années de plus, évalue Luc Ferrandez, responsable des espaces verts au sein de l'administration Plante.

Si la facture peut sembler élevée, elle est justifiée, estime l'élu. « On le fait pour ne pas perdre toute la canopée à la même place en même temps. Il y a des rues, comme sur des Érables, où malgré son nom, il y a des segments où il y a juste des frênes. On ne veut pas perdre tous les arbres d'un coup. On essaie de garder les plus gros », explique Luc Ferrandez.

LE TRIPLE RÔLE DES ARBRES

Les arbres jouent un triple rôle, dit l'élu. D'abord, ils servent à diminuer la température ambiante lors des épisodes de chaleur. « La différence de température entre le milieu du parc La Fontaine et le centre-ville est de 10 degrés en moyenne », expose M. Ferrandez. Les arbres contribuent également à absorber le gaz carbonique. Enfin, les fosses d'arbres aident à mieux contrôler l'eau de pluie lors des fortes précipitations, de plus en plus fréquentes avec les changements climatiques.

Bien qu'il existe plusieurs insecticides pour contrer l'agrile du frêne, Montréal a décidé de miser uniquement sur le TreeAzin. Celui-ci présente moins de risque pour l'humain, sa toxicité étant plus faible. C'est le seul produit dont l'utilisation est autorisée dans les jardins d'enfants et les aires de jeux des parcs. Aux États-Unis, le produit est de plus considéré comme un biopesticide.

Autre avantage, l'entreprise Lallemand qui produit l'insecticide recommande d'injecter le produit tous les deux ans plutôt qu'annuellement, comme le seul autre produit autorisé à Montréal, l'Acecap 97.

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FACTURE POUR LA PROTECTION DE 50 000 FRÊNES

9 656 175,00 $: Achat de TreeAzin pour les années 2019 à 2021

471 325,63 $: Application de l'insecticide en 2018

525 682,95 $: Application de l'insecticide en 2017

610 027,46 $: Application de l'insecticide en 2016

9 363 564,00 $: Achat de TreeAzin pour les années 2016 à 2018

TOTAL : 20 626 775,04 $