Le quartier Glenmount ne se séparera pas de Montréal. Du moins pour l'instant.

Une entente intervenue hier entre la Ville de Mont-Royal (VMR) et l'arrondissement de Côte-des-NeigesNotre-Dame-de-Grâce met fin temporairement à ce désir séparatiste, même si elle ne fait pas la joie des résidants. 

« En gros, il y a une entente pour quatre ans qui ne fait pas vraiment notre affaire et pour laquelle on n'a pas été consultés, mais qui nous permettra au moins d'avoir accès en même temps que les citoyens de VMR aux services des loisirs », explique Pierre Éloi Talbot, qui habite dans ce secteur de Montréal avec sa femme et ses trois enfants. 

« Ceci dit, on payera plus cher. »

L'entente prévoit en effet que les gens qui habitent dans les rues de Glenmount, encerclées aux trois quarts par Mont-Royal, vont retrouver leur privilège d'inscription hâtive aux activités de loisirs de cette municipalité. Mais, contrairement à ce qui prévalait dans le passé, ces résidants n'auront pas droit à des tarifs préférentiels. Ils vont devoir payer 50 % plus cher pour inscrire leurs enfants au hockey, par exemple, que s'ils habitaient à Mont-Royal.

Après plusieurs semaines de discussions, l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce-Notre-Dame-de-Grâce a accepté de verser 40 000 $ par an, pendant quatre ans, à VMR pour conclure cette entente. Cette somme est trois fois moins élevée (120 000 $) que ce qui était versé dans le passé et qui permettait aux résidants de Glenmount d'avoir les mêmes droits que ceux de Mont-Royal : tarifs égaux pour l'inscription aux activités et accès gratuit à la bibliothèque.

Aujourd'hui, les citoyens de Glenmount qui veulent fréquenter la bibliothèque de Mont-Royal doivent payer 80 $ par adulte et 50 $ par enfant, par année, ou aller dans une bibliothèque de Montréal.

Bordé au sud par la rue Jean-Talon et la voie ferrée du Canadien Pacifique, Glenmount est une sorte d'anomalie. Bien que ce quartier de 1800 habitants fasse partie de Montréal, ceux qui y habitent sont, dans les faits, à deux pas de VMR : ils envoient majoritairement leurs enfants dans les écoles de Mont-Royal, fréquentent sa bibliothèque, ses patinoires et ses piscines, pour des raisons de proximité. 

« On est déçus », dit Guillaume Tardif, père à temps plein, qui habite à Glenmount avec sa femme et ses trois enfants depuis 2015. « On ne nous a pas consultés et cette entente ne rencontre pas les besoins des résidants. »

M. Tardif estime que les citoyens, ceux de Glenmount comme les autres, payent suffisamment de taxes pour avoir droit à des services de proximité, sans avoir à payer davantage. 

« Pour les familles de Glenmount moins bien nanties, cette entente va rendre les services de loisirs hors d'atteinte », assure-t-il.

Les familles craignent aussi que VMR augmente les coûts d'inscription aux activités pour les non-résidants au cours des prochaines années. L'entente entérinée hier ne leur donne aucune garantie contre de futures hausses de tarifs.

L'association des résidants de Glenmount compte tenir une assemblée au retour de la semaine de relâche, à la mi-mars, pour sonder ses membres et voir ce qu'ils souhaitent faire. « Plusieurs vont suggérer l'annexion à Mont-Royal, dont moi », a déclaré Guillaume Tardif.

Le désir séparatiste pourrait donc renaître.