Convaincre les électeurs de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) d'aller voter dimanche prochain ne s'annonce pas facile, constatent les candidats à la mairie Caroline Bourgeois et Manuel Guedes.

La tâche est d'autant plus grande qu'il s'agit d'une élection partielle à quelques jours des vacances des Fêtes, que le thermomètre n'incite pas à sortir dehors et qu'il y a eu un scrutin général au Québec le 1er octobre dernier. « Dès le départ, informer les gens qu'on est en campagne électorale municipale partielle, honnêtement, c'est un défi d'éducation populaire. Les pancartes ont aidé, mais des gens nous ont dit qu'ils croyaient qu'il s'agissait des pancartes restantes de l'élection provinciale », souligne Mme Bourgeois, qui se présente sous la bannière de Projet Montréal.

Chez son adversaire du parti Ensemble Montréal, Manuel Guedes, le constat est semblable. « C'est une partielle, une semaine avant Noël... », dit-il avec un petit haussement d'épaules avant de souligner que son équipe est très présente sur le terrain et qu'il a l'appui de quatre des six conseillers municipaux de l'arrondissement.

L'élection doit combler le poste laissé vacant par l'ancienne mairesse Chantal Rouleau, élue députée le 1er octobre dernier avec le gouvernement de François Legault. M. Guedes a fait partie de l'équipe de Mme Rouleau de 2013 à 2017. Quant à Caroline Bourgeois, elle était la directrice de cabinet de l'ex-mairesse jusqu'à l'été dernier. Un troisième candidat brigue la mairie. Il s'agit de l'indépendant Marius Minier.

Le transport, l'enjeu central

La présence de Chantal Rouleau se fait encore sentir, et ce, même si elle ne s'est pas prononcée en faveur d'un candidat en particulier. M. Guedes en parle comme d'une alliée pour les projets d'avenir de RDP-PAT, tout comme Mme Bourgeois, qui voit sa présence à l'Assemblée nationale comme une « belle opportunité ».

« En campagne, je ne me gêne pas pour dire qu'on a une ministre de la Métropole qui est l'ancienne mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. Elle connaît les dossiers et, avec son chef, elle a indiqué que c'est au tour de l'Est de recevoir des investissements. Le momentum est là », croit Mme Bourgeois.

L'enjeu du transport collectif apparaît central dans le discours politique des deux candidats rencontrés. Pour Mme Bourgeois, le projet de tramway est l'épine dorsale du développement économique et social de l'arrondissement. Quant au prolongement évoqué du Réseau express métropolitain (REM) vers l'est, elle semble hésiter mais revient vite au programme officiel de Projet Montréal : le tramway et la ligne rose, même si cette dernière s'arrête dans Montréal-Nord.

Peu importe que ce soit un tramway ou le REM, du moment que « notre coin du monde » bénéficie d'un mode de transport « structurant », dit pour sa part Manuel Guedes. Ce dernier plaide en faveur d'un « projet réaliste, contrairement à [la] ligne rose » proposée par le parti de la mairesse Valérie Plante.

Des électeurs politisés

Chacun de leur côté, Mme Bourgeois et M. Guedes ont multiplié les poignées de main, hier, qui dans une résidence de personnes âgées, qui dans un centre commercial, qui à la sortie de la messe. En matinée, ils étaient tous deux présents au brunch mensuel des Chevaliers de Colomb, au sous-sol de l'église Sainte-Marthe, où des dizaines de personnes d'un certain âge étaient attablées et semblaient bien intéressées par la politique.

Nicole Joyal a déclaré d'emblée que les élections coûtent cher et que le moment est mal choisi. « Mais je chiale assez quand le monde va pas voter que je vais y aller en sortant d'ici. » Invitée à commenter les forces en présence, Mme Joyal se borne à dire, en faisant la moue, que « le programme des deux principaux candidats n'est pas très élaboré ».

Un peu plus loin, Richard Angers et sa voisine d'en face, Nicole Charbonneau, ont également affirmé qu'ils profiteraient du vote par anticipation - qui s'est déroulé hier toute la journée - pour exercer leur droit de vote. Mme Charbonneau était fière de dire qu'elle accordait son vote à Mme Bourgeois, la main bien en évidence sur le dépliant de la candidate qui sourit aux côtés de Valérie Plante. « C'est la personne idéale. Elle travaillait avec Mme Rouleau. Elle connaît les dossiers », a expliqué Mme Charbonneau.

Mais Richard Angers n'était pas d'accord. « Mon idée a changé quand la mairesse a prononcé son discours en anglais seulement, la semaine dernière, pour accueillir trois entreprises étrangères. On a eu l'air de colonisés. Ça, ça passe pas », dit cet électeur qui habite Rivière-des-Prairies depuis 21 ans.