L'assemblée du conseil d'arrondissement d'Anjou a été perturbée mardi soir dernier par la manifestation silencieuse d'une femme qui affichait des allégations graves contre le maire Luis Miranda, qui a tout nié.

Sandra Boursiquot, ancienne bénévole de l'équipe politique de M. Miranda lors de campagnes électorales passées à Anjou, a fait son entrée à l'hôtel de ville en portant un t-shirt sur lequel on pouvait lire : « Anjou dit non aux agressions sexuelles ». Elle avait en main d'autres t-shirts qu'elle a déployés sur le dossier des sièges devant et à côté d'elle. Les messages commençaient tous par « Anjou dit non » suivi des mots « au harcèlement », « à l'intimidation » ou « à la corruption ».

Le maire Miranda, qui présidait l'assemblée, a rapidement réagi en intimant Mme Boursiquot de tout retirer. Ce qu'elle a fait en disant que c'était pour réserver des places à d'autres femmes.

« C'est pas une place pour étendre votre linge, madame », a dit M. Miranda après avoir pris une photo de la situation avec son cellulaire. Le maire a également demandé qu'on appelle la police. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) confirme toutefois qu'il n'y a eu aucune intervention à la suite de l'événement.

Le maire nie en bloc

Après l'assemblée qui a duré moins d'une heure, Luis Miranda a déclaré à La Presse qu'il s'agissait d'une « atteinte à la réputation » et qu'il avait l'intention de poursuivre Mme Boursiquot. Au cours des dernières semaines, le maire lui a fait parvenir une mise en demeure. Il s'agissait d'une réaction à la distribution d'un message au ton accusateur à son endroit et qui invitait à la dénonciation ; le message avait été distribué dans les boîtes aux lettres de résidants d'Anjou. La Presse a une copie du message dont Mme Boursiquot reconnaît être l'auteure.

« Il ne s'est jamais produit aucune agression. Aucune. Et je peux amener assez de témoins pour prouver le contraire de ce que madame dit. »

« J'ai d'autres affaires aussi dont elle ne se souvient pas. Je ne dis pas que je n'ai pas eu de relations avec elle. J'en ai eu des relations avec elle », a poursuivi le maire Miranda avant de plaider qu'il y a une quinzaine d'années, il était célibataire, tout comme Mme Boursiquot.

Cette dernière a affirmé avoir porté plainte à la police pour harcèlement et agression sexuels, il y a « presque un an ». « Ça n'avance pas à mon goût et les portes sont fermées. Les enquêteurs ne donnent pas de nouvelles », a expliqué Mme Boursiquot.

« Appeler au secours »

Sandra Boursiquot a dit que son geste de mardi soir était donc « une façon d'appeler au secours ». « C'est un appel à l'aide », a-t-elle insisté auprès de La Presse. Mme Boursiquot a refusé de donner des détails quant aux gestes qu'elle reproche à Luis Miranda ainsi que les circonstances au cours desquelles ils se seraient produits.

De son côté, Luis Miranda a affirmé tout ignorer d'une enquête policière dont il ferait l'objet. « Je n'ai pas été communiqué par les policiers encore », a-t-il précisé.

Vérification faite, le SPVM ne confirme ni n'infirme quoi que ce soit sur le dossier.

Pour ce qui est de la menace de poursuite du maire d'Anjou, Sandra Boursiquot a affirmé n'avoir aucune crainte. Elle se dit déterminée à continuer sur sa lancée. « J'ai compris qu'ici, la justice, c'est une question de couleur, une question de sexe, une question de fond de poche, une question de compte en banque. Moi, je n'ai pas tout ça, mais je sais que ce que je cherche, c'est la justice », a affirmé Mme Boursiquot, qui a dit avoir le soutien du Centre d'aide aux victimes d'actes criminels (CAVAC).

À la sortie de l'assemblée, des citoyens ont indiqué à La Presse s'être déplacés pour appuyer Mme Boursiquot.