Les responsables canadiens et américains du barrage qui contrôlent le débit du fleuve Saint-Laurent défendent leur gestion de la crue printanière de 2017. Attribuant d'abord les inondations aux précipitations records, ils avancent que, sans intervention, le niveau d'eau à Montréal aurait été supérieur de 60 cm au sommet atteint, ce qui aurait entraîné « des résultats catastrophiques ».

Le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent rendra public aujourd'hui son rapport sur les causes des inondations survenues il y a un an. Surtout, le groupe canado-américain insiste pour dire qu'aucune mesure n'aurait pu réduire l'impact des inondations.

L'organisation, qui gère le débit de l'eau depuis 1960, montre du doigt les précipitations records de neige et de pluie reçues sur la région de janvier à mai. Située sur la rive sud du lac Ontario, la ville de Rochester, dans l'État de New York, a reçu 507 mm durant cette période, alors que le record précédent était de 451 mm. Du côté nord, Belleville, en Ontario, a reçu 569 mm, alors que le record précédent était de 529 mm. Montréal n'y a pas échappé. La métropole québécoise a reçu 578 mm, alors que le record était de 529 mm.

Les précipitations reçues de janvier à mars ont été telles que la hausse du niveau du lac Ontario a été deux fois plus importante que la normale, soit de 60 cm. Puis les pluies d'avril et de mai ont fait gonfler le niveau du plan d'eau de 80 cm encore.

Près de Montréal, le niveau du lac Saint-Louis était 88 cm au-dessus de son niveau moyen à cette période de l'année. Le débit était alors deux fois supérieur à la moyenne printanière, un niveau jamais vu depuis un siècle, précise le Conseil.

Signe de la quantité d'eau s'étant accumulée dans les cinq premiers mois de 2017, il a fallu attendre jusqu'en septembre pour que les niveaux reviennent à la normale.

GESTION DU BARRAGE

Pour faire face à cette situation, les autorités disent avoir ajusté quotidiennement les débits transitant par le barrage Moses-Saunders, à Cornwall, en suivant un plan de gestion établi en 2014. Et comme il y avait des inondations tant en amont qu'en aval de l'infrastructure, « aucune autre mesure n'aurait pu être prise pour réduire une partie des inondations sans entraîner de pire condition dans une autre partie », évalue le Conseil.

Sans intervention, le groupe évalue que la situation aurait pu dégénérer encore davantage. Le niveau du lac Ontario aurait été supérieur de 20 cm au sommet des inondations, selon les évaluations. Puis le retour à la normale aurait duré des mois, voire jusqu'en 2018.

Les conséquences auraient été plus importantes encore à Montréal, les calculs du Conseil évaluant que le lac Saint-Louis aurait gonflé de 60 cm supplémentaires par rapport au sommet atteint au début de mai, « avec des résultats catastrophiques potentiels ».

Le Conseil assure avoir eu comme priorité d'atténuer les répercussions des crues, mais devait aussi tenir compte de l'impact sur la navigation commerciale. Augmenter davantage les débits aurait forcé l'arrêt de la circulation maritime. 

« Cela aurait affecté la vie des gens et l'économie dans toute la région des Grands Lacs en perturbant le transport des matières premières et des produits finis, sans apporter beaucoup de soulagement autour du lac Ontario », évalue le Conseil.