Une opération de haute voltige se prépare au Biodôme pour protéger la flore et les animaux durant des travaux ambitieux qui forceront sa fermeture durant plus d'un an, soit jusqu'à l'automne 2019. Et le congé de Pâques marquera la dernière chance de le visiter avant la grande opération de remise à neuf.

Manchots royaux, gorfous sauteux, petits pingouins, lynx, paresseux, castors, même les oiseaux exotiques et des poissons s'apprêtent à être relocalisés pour mieux revenir dans un Biodôme à l'architecture « audacieuse, écologique et novatrice », a annoncé le directeur d'Espace pour la vie, Charles-Mathieu Brunelle. Les opérations commenceront la semaine prochaine. Certains partiront en avion, d'autres par la route. On promet à leur retour de nouveaux points de vue en hauteur sur les écosystèmes, des habitats renouvelés et mieux adaptés pour les animaux.

MUR DE GLACE

Quant ils reviendront, il y aura de la neige tombant du ciel pour eux. Les manchots s'installeront de part et d'autre d'un mur de glace qui sera érigé pour séparer l'écosystème des « îles subantarctiques » - où vivent les manchots - de celui des « côtes du Labrador », où vivent les pingouins. Ainsi, les visiteurs pourront vraiment ressentir le froid du Labrador.

D'ici là, a expliqué le directeur intérimaire du Biodôme, Yves Paré, les cinq manchots déménageront au zoo de Calgary. « Certains d'entre eux sont vieux, ils resteront possiblement là-bas. On verra si un échange avec le zoo est possible », a-t-il dit.

Quand aux autres animaux, certains resteront, d'autres iront également à Calgary, et d'autres prendront la direction du zoo de Granby ou des États-Unis. « Nous sommes presque une agence de voyages. Ceux qui ont besoin de se baigner se baigneront, ceux qui ont besoin de voler voleront, et les paresseux pourront paresser. On ne veut cependant pas dévoiler tous les détails afin d'éviter une sorte de chasse aux Pokemons de nos animaux. Mais tout a été prévu, même l'entraînement pour entrer dans les boîtes de transport », a assuré le directeur.

NOUVEL ENVIRONNEMENT POUR LES LYNX

Les travaux prévoient aussi le démantèlement du tunnel bas, en béton, conduisant de l'habitat des lynx à la hutte des castors. La nouvelle portion sous-marine de la hutte donnera l'impression d'un prolongement dans l'espace des visiteurs, explique-t-on. Les lynx bénéficieront aussi d'un meilleur environnement, avec l'écho qui sera coupé grâce au nouveau plafond. Grâce aux nouveaux plans, seule une vitre séparera les visiteurs des gros félins, mais ces derniers vivront dans la quiétude. La direction des installations promet aussi un habitat séparé pour les ratons laveurs et les porcs-épics, qui étaient à l'étroit, ne faisant pas nécessairement bon ménage.

UNE NOUVELLE FORÊT TROPICALE

La forêt tropicale humide des Amériques ne ressemblera plus à celle d'aujourd'hui dans un an. Il y aura de nouveaux oiseaux pour cohabiter avec les ibis, et des nouveaux poissons viendront enrichir les lieux. Une passerelle et une mezzanine offriront aux visiteurs une nouvelle vue sur l'ensemble de l'écosystème et les oiseaux haut perchés.

« Les paresseux seront plus faciles à repérer dans le haut des arbres », a ajouté la direction du Biodôme. Quant au corridor entre le bassin des gros poissons de la forêt et la grotte des chauves-souris, il donnera l'impression de marcher dans une mangrove avec le soleil filtrant à travers le feuillage. Rien n'est coulé dans le béton, mais il se peut même qu'un grand fourmilier de l'Amérique du Sud (un tamanoir) vienne grossir la famille du Biodôme, qui compte 4500 animaux.