Le chef par intérim de Projet Montréal, Luc Ferrandez, appuie Valérie Plante dans la course à la direction du parti qui prendra fin le 4 décembre, a appris La Presse.

Croisé hier lors d'un débat qui opposait les trois candidats, Luc Ferrandez a d'abord nié, puis nuancé. Il a insisté pour dire qu'il devait être neutre dans cette course, la première depuis la fondation de Projet Montréal, en 2004. Il a ensuite confirmé qu'il était « plus proche idéologiquement » de Valérie Plante, associée à la gauche progressiste, que de Guillaume Lavoie, un pragmatique qui penche vers la droite.

« Guillaume est prêt à faire des concessions sur la justice sociale, Valérie est davantage solidaire, a-t-il expliqué. Mais Guillaume a plus de chances de battre Denis Coderre. C'est un travailleur hors pair, il fait peur à Coderre. »

Guillaume Lavoie ne croit pas aux divisions gauche-droite au municipal. En point de presse après le débat, il a dit : « Faire une saillie de trottoir, c'est pas à droite, c'est pas à gauche, c'est au coin de la rue. »

« UN CHOIX CRUCIAL »

Le parti est à la croisée des chemins, a écrit Luc Ferrandez dans un courriel envoyé à des sympathisants, que La Presse a obtenu.

« Projet Montréal fait face à un choix crucial entre la droite et la gauche, peut-on lire. Elle [Valérie Plante] est aussi la garante d'une identité de Projet Montréal autour de valeurs progressistes. »

« Elle fait face à un fort mouvement de gens qui s'inquiètent de voir Projet Montréal rester un petit parti et qui pensent que le temps est venu de se faire plus d'alliés à la droite du spectre politique. Elle a besoin de notre aide. » - Luc Ferrandez, chef par intérim de Projet Montréal

Guillaume Lavoie a reçu l'appui de 11 conseillers et Valérie Plante, de 5. Quant au troisième candidat, François Limoges, aucun conseiller ne soutient sa candidature.

« François a moins d'appuis parce qu'il a moins travaillé », a précisé Ferrandez. Selon lui, la vraie course se fait entre Lavoie et Plante.

Ferrandez a renoncé à se présenter à la direction du parti parce qu'il ne voulait pas renier ses idées ni remiser sa langue bien pendue au vestiaire.

« J'ai pas envie de refaire ma réputation, a-t-il dit.

 - Quelle réputation ?

 - Que je suis l'homme d'une idée et que je suis trop agressif avec les autos. De toute façon, je passerais pas. »

DÉBAT POLI

Débat, donc, au collège de Maisonneuve qui a réuni des militants dans un amphithéâtre rempli aux trois quarts. Les trois candidats étaient étonnamment d'accord sur plusieurs points : transports, décentralisation, équité hommes-femmes, importance de la diversité montréalaise... Un débat lisse, sans crêpage de chignon ou empoignade.

Un citoyen a demandé s'ils pouvaient mentionner quelque chose de positif sur Denis Coderre. La salle a ri.

François Limoges a répondu : « Honnêtement, c'est très, très difficile. Il n'a pas de conception du bien public. Il ne s'intéresse qu'à son ego et à son image. » Guillaume Lavoie a ajouté qu'il ne pouvait pas ouvrir Twitter sans avoir la paix. Valérie Plante, elle, a vanté sa capacité à « se connecter sur les gens ». Elle a ajouté que Projet Montréal devrait suivre son exemple.

Pendant le débat, François Limoges a souligné qu'il y avait des idéalistes et des pragmatiques dans Projet Montréal et que le parti devait réconcilier les deux visions. Lors des points de presse qui ont suivi le débat, chaque candidat s'est défini comme... un idéaliste pragmatique.