Décontaminer les terrains de l'est de Montréal coûterait «de deux à quatre fois moins cher» que prévu, soutient la Coalition avenir Québec (CAQ) dans son Projet Saint-Laurent. À condition d'assouplir la réglementation environnementale et de cibler certains terrains au lieu d'adopter une approche totale.

C'est ce qu'on apprend dans un document interne du parti que La Presse a obtenu.

La décontamination est un volet du Projet Saint-Laurent, qui propose de développer des parcs industriels et des milieux de vie le long du fleuve. Pour ce, on réorienterait les deux milliards de crédits d'impôt actuels. Ils seraient alloués aux entreprises qui créent des emplois payants et qui s'arriment à la recherche appliquée universitaire.

La chambre de commerce de l'est de Montréal proposait en 2007 de décontaminer les terrains à proximité des raffineries. Le coût estimé à l'époque: de 350 à 550 millions de dollars.

Mais cette décontamination devait être faite par «critère générique». Soit une approche «Spic and Span», image une source du parti. On expédie même la terre contaminée dans un dépotoir. Il existe une autre approche, où on décontamine en fonction de l'usage prévu. Le risque est alors "géré". C'est l'approche retenue pour l'échangeur Turcot et la Technopole Angus, dans Rosemont.

Le rapport de la CAQ a été produit avec l'aide de Serge Barbeau, ex-haut fonctionnaire qui gérait le programme ReviSol à la Ville de Montréal, et Sylvain Loranger, docteur en toxicologie de l'environnement et consultant.

La CAQ croit aussi pouvoir économiser par rapport aux prévisions de la chambre de commerce en ciblant d'abord les terrains attrayants, au lieu de préconiser une approche mur à mur.

Si le parti de François Legault veut décontaminer ces terrains, c'est avant tout parce qu'il manquerait selon lui de sites pour accueillir de grandes entreprises. Plusieurs villes de banlieue veulent dézoner des terres agricoles pour attirer des entreprises chez elles et augmenter leurs revenus fonciers. Mais la CAQ préfère décontaminer les terrains urbains près du fleuve. On limite ainsi l'étalement urbain ainsi que la pollution et la congestion qui l'accompagnent, on évite de construire de nouvelles routes coûteuses, et dans certains cas, on revitalise les berges. C'est aussi l'approche privilégiée par la Communauté urbaine de Montréal dans son plan d'aménagement (PMAD).

1. Dresser l'inventaire des terrains contaminés

L'inventaire du ministère de l'Environnement est incomplet. La CAQ propose d'augmenter les effectifs du ministère, sans donner de chiffres, pour compléter ce portrait. Les études environnementales seraient rendues publiques.

2. Remplacer le programme Climasol

Climasol, doté de moins de 40 millions de dollars à l'heure actuelle, serait remplacé par un nouveau programme, inspiré par ce qui se fait en Belgique. Il serait doté à terme d'une enveloppe de 200 millions. Dans l'ensemble, le projet serait financé, espère-t-on, à parts égales par Montréal, Québec et Ottawa.

3. Décontaminer

La décontamination serait gérée par un organisme indépendant, en partenariat avec Investissement Québec. On ciblerait les lieux stratégiques. Et on ne les publiciserait pas à l'avance, pour éviter la spéculation foncière.